23/12/2007

Avant

En attendant, alors.

22/12/2007

Dernier numéro

Pro-éthique prothétique.
On se voit dans quelques jours.

20/12/2007

Poétique (5)

Ou poéthique.
saigner : s'épancher, sans se répandre.
signer : faire, de cette présence, du tact.

14/12/2007

Poétique (4)

S(a)igner - Avouer l'écarlate comme malgré soi, quand la goutte se fait lettre et que l'être se met à goutter, dans un bégaiement bien connu, cessant par là de se dégoûter pour s'épuiser dans une confession qui exprime, avant de déprimer, la vérité ainsi surimprimée. Ici, justement, on goûte les fluides contre le temps qui s'écoule, en ouroboros vampirique, déguisement grotesque d'une circulation extra-corporelle qui ne dupe que les guérisseurs. Et si l'on n'y prend garde, on y prend goût. Peau aime qu'on la perce.

Poétique (3)

Saigner : le geste se suspend dans la question — carmin, s'il en est— de sa transitivité.

07/12/2007

Poétique (2)

Transfusion métonymique, suintement herméneutique et piqûre branlante.
L'important échappe à la seringue, car il est dans la blessure de l'aiguille et s'écoule à l'air libre. Sur la peau. Il faut saigner avec méthode, car le praticien est toujours maladroit.

Poétique (1)

Saigner — méthodiquement.

03/12/2007

De premier choix

Conversation, paradigme, fraternité : la conservation du motif, fratrie de deux doubles demi-moitiés, tournante sans cesse autour d'un syntagme invarié, s'inscrit plus qu'elle ne s'ancre, toujours, dans une mêmeté main( )tenue à grands frais, et pourtant, comble de l'élégance, dissimulée dans une négation qui n'a de grossier que la geste qui l'accompagne. Parce que la compagnie, elle le sait bien, c'est très surfait.

02/12/2007

Seeds

There (in the upper left corner of the pillow)
Some kind of dormant feeling
Began to arrange the folds into a familiar— though
Unexpected — pattern.
The pattern — the word says it all —
Stifled the passionate words you both
Wanted and dreaded —
The grinding mill being already at work
In our own private granaries.

26/11/2007

Conversation

He tried his best, you see.
— No he didn’t. You’re wrong here.
He nursed his ache — daily —, hoping she would
Thereby keep on feeling it.
At least, they have this to share,
When all is half-said and done.
She has settled down to the pace
Of someone who is simply in a hurry,
And has no time for looking
Back, whilst he is still trying to perform
His own song.
As it happens, they both continue to drift on forwards.

25/11/2007

שמע ישראל

Mais comment formuler l'un ?
Mais. Le petit mot dit déjà, avant tout, la butée, le point d'achoppement, voire, proprement, le scandale de l'inévitable proposition, au moment où elle se formule, comme une question ou un regret.
Mais, ma langue ne peut qu'être fourchue. Je parle et je dis toujours (y compris et surtout à mon corps défendant) deux choses (au moins) simultanément, car ma parole, telle un coin enfoncé, ne peut que faire éclater l'unicité de l'objet qui m'occupe. Ce dont je parle. Car je parle de. C'est en cet instant d'intransitivité que la séparation à lieu, que le déchirement est consommé. La négation de l'un a pour origine ceci: ma langue n'existe qu'au lieu de son doublement (sachons entendre le locus, celui-ci, au lieu de celui-là) . Le merlin s'abat une fois de plus — sur la syntaxe: au début était deux.

19/11/2007

Epiménide

"Je suis un menteur":
paradoxe du Crétois,
point zéro de toute glose.

Mais comment formuler l'un ?

17/11/2007

X

Ce texte. Un texte. Sorti d'un autre : ex.
Et déjà tant d'autres, à partir de lui. 7 peut-être, Sephirah Netzach oblige.
Mais, en fait, non. Rien n'oblige à rien.
Disons — alors — au moins x textes.
Parce que le chiffre est toujours au fond lié à la crypte, parler de chiffre, sur le chiffre, autour du chiffre, parler chiffres, c'est de facto parler d'un secret. En parler tout en refusant de le divulguer. Lire, c'est alors lire du secret à l'œuvre. J'essaie mes clefs. Disons que l'une d'elles entre dans la serrure, puis, là, pour quelques millimètres de trop ou de moins, ça ne joue plus.
J'aime la serrure de cette porte fermée. J'aime cette résistance qu'impose le pêne à la clef.
"Rien ne dit qu'elle parlera."

Six lances, dix cibles

Dix paraît. Il est au volant d'une Fiat de luxe. Un virage familier, il sait qu'une femme l'attend. Elle lui fera signe. Il est si sensible, Dix. Alors bien sûr, il faudra qu'il descende un rapport, deux. Il s'arrêtera, mais sans se garer, car il connaît bien le coin. Elle ne dira pas « gare-toi », sa passagère, simplement parce qu'elle ne veut pas le tutoyer. Elle montera. Rien ne dit qu'elle parlera.

Ils rouleront en silence pour tromper l'ennui. Même pas de messes basses ni de rires coupables, non, mais un épais brouillage. Quelques sourires comme des lames, dents serrées, lèvres tirées.

Il écoute aux portes, Dix. Aujourd'hui, c'est aux portières. Des coups retentissent parfois. Il en compte six, mais pas encore dix. Entre le souffle de seins que l'on palpe, deux, jamais un cri. Zéro. A peine un murmure pour séparer les aphonies en leur crescendo. Il doit y en avoir cent. Puis Six, car c'est ainsi qu'elle s'appelle (mais il faut prononcer l'X, le son S étant dépassé puisqu'eux sont deux), descend de la voiture des douceurs non dites, car ça n'a pas assez duré.

Elle compte sur lui, Six sur Dix, puis s'en va. Sans un mot.

Allô allô test un deux trois

Ecrire pour écrire, comme on parle pour parler. J'ai un truc à dire, là, mais je me fais violence pour la fermer - "la" étant non pas ma gueule, mais une certaine boîte de Pandore présentement béante.

Dire qu'on ne va pas dire, c'est secréter quelque chose, au sens où l'on produit un secret, forcément muet, et qu'on le nomme comme tel, tentant donc, par un tour de passe-passe (je passe sur la glose) langagier, de faire passer un terme générique pour un nom presque propre, alors qu'il ne s'agit guère que d'une dénomination, la bien nommée - si j'ose dire, mais justement je n'ose pas, et je le dis, en insistant sémiologiquement sur le fait, précisément, que j'ose dire que je n'ose pas révéler ce que je viens de donner à ne pas voir, à savoir cette construction très étrange, et même ontologiquement étrangère, qu'est un secret nommé.

Autrement dit - ou plutôt devrais-je dire au contraire : dit comme cela -, le secret nommé est une boîte bien commode où l'on cache ce que l'on veut, et plus exactement ce que l'on veut ne pas dire, à ne surtout pas confondre avec quelque chose que l'on ne veut pas dire. La place des mots, ici comme partout, est fondamentalement signifiante.

Or, tout laisse à penser qu'il n'y a rien, justement, dans cette boîte, puisque le dissimulateur sait bien que l'étiquette "Secret" va attirer davantage la curiosité que s'il avait choisi de renoncer à tout label ou, mieux encore, d'apposer sur le silence un descriptif mensonger. Mais c'est franchir une barrière morale, un interdit, pour donner effet à un autre interdit. Autant donc faire l'économie de la mise en abyme, puisqu'il suffit, pour jouir de la clandestinité recherchée, de mettre simplement les mots au bon endroit.

En somme, un secret s'échappe d'être pointé du doigt - ou plutôt de la langue, dans sa dimension déictive. La furtivité de toute information suppose par conséquent de détacher le signifiant du signifié, en s'emparant des présupposés elliptiques de la cognition afin d'y créer un court-circuit déductif. J'aime bien les gros mots.

Plus simplement, puisque ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, disons qu'il suffit de donner tort aux conclusions réflexes, en intervertissant par une ruse du discours les liens qui unissent deux mots distincts, l'un pertinent, l'autre moins, aux idées respectives qu'ils véhiculent.

Tout cela veut dire qu'un véritable secret sera qualifié comme tel le jour où le quotient intellectuel moyen de la population aura crû d'une bonne cinquantaine de points, parce qu'alors la véritable clandestinité, dans un environnement saturé de sens, se trouvera dans l'évidence oubliée du premier degré.

On dirait que Pandore cherche une clef.

16/11/2007

Îliens et e-liens

Réchauffement thématique oblige, il est des îles numériques qui disparaissent, brisant des liens qui, par conséquent, ne font soudain plus sens. C'est ici le cas d'un post ancien, En piétons, qui ne renvoie plus à rien, et donc aussi de la réponse apportée par mon cher interlocuteur, Comment ne pas parler - encore que, réagissant à un raisonnement tu, son propos gagnerait ainsi presque en résonance.

N'empêche, je vais quand même écoper, histoire de mettre du silence sur les mots, plutôt que l'inverse. Parce que c'est nettement plus intéressant. D'où le (fameux) billet ci-dessus, Allô allô test un deux trois.

L'insularité, de cette façon, s'inscrit à nouveau dans le temps, au mépris bienvenu de l'instantanéité des trois doubles V (lessivés), rappelant qu'elle est un anagramme de la singularité, sauf qu'il n'y a point G. Les mots, pourtant, n'y restent justement pas au bord des lèvres. Ou alors si.

Un jour

Les Raisins de la colère, ou comment chercher à lire à travers les larmes.

15/11/2007

Graphic

Erasing your absence will take me longer
Than you think — twenty years or so,
Well, in fact, nearly as long as it took for the dream
Of your presence to build itself.
As for you, you took apart the baroque frame
Of the picture I was in,
And then you threw the picture away.
And that was it.

13/11/2007

Act VI

« And we were silent again, until she spoke. »
—— Charles Dickens, Great Expectations.

He saw her the other day, from a distance,
Talking too much, smiling so hard,
Wearing a new greyish woollen coat.
(Yes, he noticed)
He also saw her fingers miss the door-handle of her car.
He smiled.
It’s not for him to say (of course), but
Her exultation (thus staged)
Contains an element of
Remorse that holds her back on the verge of plain truth —
The one she spoke before, as when
She told him about the white flight
Of stairs that troubled her dreams — which made him shudder
And which still makes her cry,
At the end of the week,
Behind the white curtain of her shower.

12/11/2007

^

Le mot est tien(s). D'où le retrait, double rature confinant à l'effacement.
J'observe qu'on ne peut mettre un accent entre parenthèses. Force (´) ment.
Ou plutôt que si on y parvient, le mot se divise alors et dit tout autre chose.
C'est toujours ainsi quand on accentue un silence.

D'un effacement l'autre


[..........]

Tiens... Il y avait la parole. Il y avait parole —— l'accent, présent ou/et absent, jouant à cache-cache, en quelque sorte, avec ce qu'il y aurait (encore) à dire. De l'article à l'adverbe, de ceci à ici, se dessine (mais si peu) le chemin de la parole, celui qui mène nulle part ailleurs que vers lui-même. Propriation plus qu'appropriation. En somme, Ereignis.
Ou comment donner à voir la parole en son retrait.
Replions, là.

[..........]

09/11/2007

Word

Tenir.

08/11/2007

Loose Change

This is my hand pushing the gate
Open and closed.

The long row of rose-bushes, and then
My Father, standing on the lawn,
Already in the background.


The loose change in my pocket
(Back from the baker's on a Sunday morning)
Does not say much
Except the price of
What money can't buy.

Saillir, s'agir

De la saillie. Où plutôt à partir d'elle. À partir, car il convient de s'en éloigner un peu, ces mots ne disant rien du plaisir, et moins encore du plaisir des mots. Ces mots qui, sur la page, rencontrent la lecture pour provoquer alors les mots du discours critique. Il s'agit là, oui, après un certain va et vient, du plaisir. D. H. Lawrence, déjà, ne s'y trompait pas: "Every natural crisis in emotion or passion or understanding comes from this pulsing, frictional to-and-fro, which works up to culmination" ("Foreword to Women in Love").

06/11/2007

Ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l'a frappé

Peut-être. C'est en effet un bord. Un limen qui s'ouvre (ou ne s'ouvre pas), au détour d'un tiret, sur le possible. Sur tous les possibles et leurs contraires. Qui sait ce qui se joue en secret, là et en ce moment où le temps "s'infinitive" (là, oui, ça fait saillie aussi). Le parapluie a disparu. Oui. c'est un fait. Ca se présente du moins comme tel. La foudre, elle, reste. Au-dessus. Electrique. Toute tentative, pour la dire, vraiment, avec quelque certitude implique alors d'en faire l'expérience —— et, de là, toute impossibilité de dire quoi que ce soit, après.

PS. Faire saillie. Déjà, si tôt après l'accouplement, ça fait des petits.

Le temps est incertain

"Peut-être" est toujours au présent.
Demi-absence phénoménologique qui souligne ce qui n'est pas, apparemment pas.
Pouvait-être, pourra-être, monstres logiques.
L'incertitude ne se transforme pas, elle disparaît.
Elle se perd. Tout comme la possibilité.

Le voilà donc, le parapluie perdu, alors pourtant que le temps est incertain.
Alors pourtant que le vrai menace.

02/11/2007

Son/Mon (tu ne crois pas si bien dire)

« "J'ai oublié mon parapluie."
Parmi les fragments inédits de Nietzsche, on a trouvé ces mots, tout seuls, entre guillemets.
Peut-être une citation.
Peut-être a-t-elle été prélevée quelque part.
Peut-être a-t-elle été entendue ici ou là.
Peut-être était-ce le propos d'une phrase à écrire ici ou là.

Nous n'avons aucun moyen infaillible de savoir où le prélèvement a eu lieu, sur quoi la greffe peut prendre. Nous ne serons jamais assurés de savoir ce que Nietzsche a voulu faire ou dire en notant ces mots.
[...]
Lisible comme un écrit, cet inédit peut toujours rester secret, non qu'il détienne un secret mais parce qu'il peut toujours en manquer et simuler une vérité cachée dans ses plis.
[...]
De quoi s'exposer aux éclairs ou à la foudre d'un immense éclat de rire. Sans paratonnerre et sans toit.
« Wir Unverständlichen... denn wir wohnen den Blitzen immer näher » : Nous autres incompréhensibles car nous habitons toujours plus près de la foudre ! »
Jacques Derrida, Eperons - Les styles de Nietzsche

01/11/2007

Sous le bandeau

Il y a quelque chose qui fait saillie.
"... sortir sans son parapluie".
Au prononcé comme au plan syntaxique, ça clignote, discrètement, comme un néon qui va rendre l'âme.
Je me demande bien à qui, d'ailleurs.

31/10/2007

Centurie à rebours

Je m'éveille ce matin avec un quatrain en tête—— qui a eu l'audace de se fabriquer sans moi:

Lors des gens depuis la haute époque
Ont cru donné dans le chevaleresque
Mais, de leurs joues en cloques,
N'ont jamais fait autre que du burlesque.

29/10/2007

Le bandeau de Thémis

J'ai appris ce soir une chose. Il y a toujours, en ce monde de lâcheté, une prime au non engagement. Seuls ceux qui finassent, esquivent et se perdent en compromis sont ceux qui, aux yeux de nos médiocres décideurs, représentent le consensus. Le cynisme commande de ne jamais s'exposer. J'ai, pour mon humble part, quelque chose au fond de moi qui s'y refuse. Cela m'a coûté, me coûte, et me coûtera. Plus je vieillis et plus je méprise Voltaire —— ah combien Madame de Choiseul avait vu juste! Il y aura toujours des gens qui sauront d'où vient le vent. La vraie noblesse consiste précisément à courir le risque de sortir sans craindre les nuages. Et donc sans son parapluie. Mais cela est d'un autre âge. Et je suis, au final, bien sot.

27/10/2007

Joyaux

Naturellement.

Sollers

Casanova est bien plus admirable encore que cela.

25/10/2007

Silk cut

Probablement à soi. Oui. Mais de manière tellement effilochée, décousue, et si ravaudée. L'on est jamais vraiment pleinement, d'une seule pièce, à l'endroit du crime. C'est soi, et déjà, ici (ibi), un autre (alius) que soi que donne à voir la plume coupante et alibile (celle qui, justement, ainsi alimente le texte). (J)'écris.

23/10/2007

A soi

Forcément à soi. Et donc en retard, oui, puisque l'on est parti, déjà, toujours, d'emblée.
Il me semble à moi que l'alibi, c'est tout le reste.
Quand on écrit, c'est qu'on a une bonne raison, qui ne veut jamais être excuse.

Question

Rendre les mots bons.
A qui? Tout est là. Et déjà, potentiellement, ailleurs.
L'écriture est sans cesse un alibi.

21/10/2007

L'air

il est face à moi
mon pire ennemi
la femme de ma vie
apparait derrière lui
et son souffle si doux
vient glisser dans mon cou
sa caresse invisible
« je t’aime »

20/10/2007

Magic, Bruce Says

His voice, husky and soft (now, right now),
Brings you back to those summer evenings (June, it was),
When, as a child, you would
Reluctantly go to bed ("there's school tomorrow"--your mum's voice now)
And try to sleep
Though the sun was still visibly up behind the white shutters.
And you could hear your parents' voices in the garden.
And you could smell the lilacs and the freshly-mown grass.
And you'd think things would last. All of them.
And you'd close your eyes, trying to forget
Those inkblots on your fingers.

Your world keeps turning round and round
But everything is upside down
Your own worst enemy has come to town

19/10/2007

Inspiration et fatigue musculaire

Il faut écrire. Ouvrir des portes. Rendre les mots bons.
L'existence est dans le verbe, carburant pulmonaire,
et l'inspiration à couvert, dans la vie dont on se gave.
Il n'est plus temps de parler lorsque l'on expire.
Tout est dit dans un souffle. Tempus fugit, etc.

18/10/2007

IMF protocol

Juste à point. Entre deux lignes/livres/lèvres/lives.
Mission acceptée.
Surface si lisse, mais dessous si abrasif.
Je lis, mais ne peux lisser. Enfin. Ad infinitum.
Sheep-dipping
As we say "Target rubbed out", but still walking.

_________
Transmission non interrompue.

17/10/2007

Silice, cilice

L'intertextualité, chemin de traverse des contextataires,
s'est trouvée le matériau de synapses numériques : le buzz.
Fugace par nature, le fil en question doit être saisi dans l'urgence,
et rompu derechef, comme de bien entendu. Le compte à rebours
est lancé - ce message s'autodétruit déjà.

14/10/2007

Dérailler

En rayant le mot d'un autre, parfois,
on raye un miroir. Le papier de verre
n'est pas forcément où l'on pense.

12/10/2007

Papier de verre

Les mots peuvent être creux, il n'en reste pas moins, en effet, qu'ils ne peuvent, à se fréquenter, s'entre-effacer. La où ça passe, ça raille et raye toujours un peu.

Considering the Distance

The light has now changed.
Where I stand (this is not the word
I want) is of no importance,
Since what matters
Is to be found out there.
Behind the glass pane, your
Figure goes back into gloom,
As I try to repress
That one wave of my hand.

11/10/2007

La tentation hygiéniste

De l'effacement comme négation de la rature,
car il est des phrases avec lesquelles on barre
mais je ne connais pas de mots-gommes.

Yves Klein peut bien rêver de propriété sans aspérité,
à tout prendre, moi, je choisis Basquiat. On ne se refait pas.

10/10/2007

Huisserie.

Oui. Là. Ca grince, aux niveaux des charnières. J'entends.

08/10/2007

Spectacles

La fenêtre comme écran entre l'oeil et le vent.
Windscreen, glasses. Surtout, elle est l'accès des cambrioleurs.
Entre les mots, entre les langues se faufilent les voleurs de sens.

J'aime l'idée de la porte dérobée. Est-ce toujours une porte cachée, confisquée au regard,
ou bien peut-il aussi s'agir d'une issue volée qui, à la faveur d'un paradoxe colossal, ouvre la voie à toutes les fuites ?

La fenêtre, hors la loi, est une porte dérobée.
Voilà qui est troublant.

Wind+eye

Il y aurait un livre à écrire sur la fenêtre. Sa poétique reste fermée, donc à écrire.

03/10/2007

Ce qu'on ne sait plus

Oui, on se fait à tout. Et c'est la vérité; la vérité, c'est ce que l'on fait. Précisément. Augustin nous le rappelle: "veritatem facere". Et tout se fait à nous. Mais qui lequel est le plus souple d'entre les deux? Qui modélise l'autre jusqu'à le corrompre parfaitement?

26/09/2007

Aux nues

J'ai vu dix bus aux vitres masquées de tentures noires, lundi, qui filaient comme un seul dans la nuit, sur la quarante-deuxième rue. Il y avait écrit "Special Event" à la place du numéro de la ligne. Je crois qu'Ahmadinejad avait une course à faire (sic).
J'ai passé un peu de temps, hier, avec les maîtres du monde. Surprise, il y en a un qui surpasse tous les autres en termes de charisme, c'est très étrange, vu de près : George Bush. J'en reparlerai ailleurs. Ou l'écran, une fois encore, comme facteur d'écart entre l'opinion mondiale et la prise de décision.
Ce soir, je trinque avec Kouchner. On se fait à tout, et c'est bien dommage.

Lundi, hier, ce soir : le mot-ment reste à définir. Il se passe des choses, oui. Mais qui est-il ?

25/09/2007

ONU

Oui, en ce moment, on s'active, n'est-ce pas?

21/09/2007

On unhealthy transitions

Peut-être parce que l'abolition des distances a fait de l'actualité, devenue singulier, une promesse paradoxalement intenable. D'où, aussi, la réclame devenue publicité, autrement dit projection plutôt que description, pour instaurer justement une nouvelle distance, singulière, l'interprétation rimant avec le monstre nommé déresponsabilisation. Ce qui m'amène à louer le Président Sarkozy pour la dignité qu'il rend aux mots, en les déshabillant de leurs atours incantatoires afin d'en faire des engagements bruts. De la verticalité du progrès.

Sick transit

C'est peut-être dans ces instants là qu'il faut regretter les appellations "Informations" ou "Journaux TV". Curieux, somme toute, que le terme "actualités", pourtant si topique et si juste, ne soit plus utilisé de façon courante. Il a disparu, j'imagine, à peu près en même temps que la "réclame".

20/09/2007

Du pluriel au féminin

L'événement est effectivement devenu l'avènement, à la faveur d'une parole performative qui se détache du réel pour le rendre dicible, et donc relatif. N'est-ce pas là, précisément, la vocation fondamentale des médias, anti-apostalique et autarciquement iconophage ?

15/09/2007

11/9

Ou comment les médias tentent, par tousles moyens, de faire de l'événement avec ce qui l'a été, violemment, forcément sans eux —- le principe même de la date anniversaire transformant l'horreur indicible de l'événement en paroles.

11/09/2007

Tiret !

11-Septembre. Tiret-majuscule. On amalgame. On lie.
On analphabêtise.

Sur toutes les chaînes ou presque, une longue litanie de noms.
Les ânoneurs se relaient pour rendre les honneurs. Pris, prix, prie.
Aux ânes, citoyens !

Fortereusement, il me reste un peu de douceur caraïbe sur la peau.

Septembre

Neuvième mois moderne, gestatif en diable.
Quelque chose renaît, chaque fois.
Un geste. Et d'autres.
Et finalement, maternité oblige, le féminin l'emporte.
C'est une geste, septembre.

La geste des esclaves, qui renâclent,
et Sisyphe qui n'a toujours pas le moindre humour.

Je regarde septembre, et les bras m'en tombent.
Un gesticule indigestif, plus moyen de lever le petit doigt.
Septembre est noir ou blanc, dit-on. Moi je le préfère fauve.

28/08/2007

Poor Balboa

Obviously the door has not moved,
otherwise the frame would not have been
so mesmerizing.

The purpose of all things is to be.
Their freedom lies in their moving.

Hence freedom being so appealing.

24/08/2007

Revisiting Adrienne Rich

The doorframe catches my eye,
my attention being drawn, more particularly, to
the corners, up there,
white and self-confident in spite
of their irrelevance.
If, as they say,
to be anything (or anybody) is
to be bounded, hemmed in, defined,
and separated by a circumambient frame of vacuity,
these corners half-claim
they are.
Somehow.

Well, at least, this is their purpose.

You realize I clean forgot to mention
what has happened to the door.

12/08/2007

Regardable

Une partie (et seulement la partie plus ou moins visible) de la réponse à la question se trouve peut-être dans le regard de la poupée de cet épisode des X-Files écrit par Stephen King et intitulé "Chinga".

08/08/2007

Sur le silence

Un regard. Attentif.

26/07/2007

Nerf optique

Toujours l'horreur.
Les yeux fermés, maintenant. Eyes wide shut, dirait l'autre. Que se passe-t-il alors? Et où?
Les yeux, tendus dans leur fermeture. Les miens. Les nôtres.
Est-ce que ça, ça peut se mettre en scène? Le regard de l'autre peut-il me toucher dans la nuit de mes yeux? Oui, c'était, à bien des égards, la question que Jacques Derrida posait, il y a maintenant longtemps, à Jean-luc Nancy

L'oeil, le deuil et la figuration fantômatique

Derrida, encore.
Toujours
présent à sa manière.
A voir absolument,
comme dit un ami.

25/07/2007

Laisser le thé (refroidir)

Prétension, ressort de la prétention.
Abécédaire diachronique de la vanité dans l'effort.
Le faux-lapsus (collapsus) est magnifique.
L'ironie n'a pas lieu (d'être).

21/07/2007

La tranche de l'œil

Puisque l'horreur ne se partage pas.
Cet oeil sectionné est un coup porté. Mais sur quel regard? La scène nous fait fermer les yeux alors que cet autre œil reste, lui, si complaisamment ouvert. Ouvert, d'ailleurs, presque deux fois, tant il se reflète, l'espace d'un instant, dans la lame de rasoir. C'est là, sur le fil de cette lame, que, meurtri, notre regard s'arrête. Et c'est en nous qu'un autre film commence. L'horreur n'est pas et ne peut dans la représentation. Probablement, parce qu'il échappe au limité, au pré-déterminé, au pré-visible, voire au limité. L'horreur, c'est toujours, en réalité, quelque sorte qui relève du pire à l'œuvre et qui ne peut que se présenter. La représentation cinématographique de l'horreur confesse son échec dans la fermeture de nos yeux. La cécité que nous nous imposons alors nous fait dépasser le simple niveau de conceptualisation esthétique pour nous donner à voir, en un geste qui dépasse celui du raisonnement et du rationnel, l'idée même de l'horreur en nous, infinie, sans limite. Il n'y a donc pas, à proprement parler de film d'horreur. Il ne peut, à la rigueur, y avoir qu'une pré-tension à dire l'horreur.

De l'oeil tranché

Il faut voir Le chien andalou, de Luis Buñuel.
Pour ouvrir les yeux, vraiment, jusqu'à la cécité.
Où la lecture prend fin.

De l'horreur: invitation

Une question me taraude, en ce moment.
C'est une question d'horreur. Et c'est du cinéma.
La question de l’horreur cinématographique a déjà été plus qu’entrevue. C’est ce que l’on peut penser. Des regards se sont posées sur elle, et ont cru la voir comme telle. Est-il d’ailleurs pensable de ne pas la voir, alors même qu’elle semble crever l’écran de toute sa force et se définir comme un véritable index verum sui. Elle paraît défier tout commentaire en s’avançant elle-même, en se montrant elle-même en un geste qui semble relever, à la fois, d’une certaine performativité discursive et d’une indiscutable autorité herméneutique. Nous sommes là, dans notre fauteuil, et plus ou moins assis confortablement, nous regardons. Nous la regardons, nous dit-on, à l’œuvre, dans ce que nous sommes censés interpréter comme son essentielle évidence. L’on nous dit que nous la voyons en tant qu’elle se donne à voir comme telle, et qu’elle ne peut que nous laisser sans voix. Esquissons un battement de cil, juste qu’il faut pour rafraîchir l’œil. Et peut-être aussi pour mieux écouter la voix qui me parle d’horreur. On ne présente plus l’horreur, nous dit cette voix qui cherche à se faire oublier, à nous faire oublier qu’elle est une voix et que nous l’écoutons nous parler. La voix nous dit surtout d’ouvrir les yeux, de garder les yeux ouverts et donc d’éviter ce que nous avons déjà fait, à savoir de battre des cils. C’est à voir, nous dit-elle.
Justement. Prenons ça au pied de la lettre.
Cela reste à voir, en effet. Voire, à revoir. Et l’on chercherait alors en vain un endroit : car si la voix et l’image me parlent d’horreur, elles ne nous parlent pas de l’horreur, de l’horreur comme lieu d’origine. Là d’où ça vient et là où se passe. Là où ça fait vraiment mal à l’œil, là où l’œil est frappé par la nuit. Car c’est toujours un choc. Il y va, en effet, d’un coup d’œil, et presque aussitôt d’un coup sur l’œil.
Pour voir l’horreur, en tant qu’elle est horreur, l’on devrait, donc, pour commencer, fermer les yeux. Parce que c’est ici que tout se joue, précisément quand ça ne se joue plus sous notre regard. Essayer d’y voir plus clair dans l’horreur, au sujet de l’horreur, n’est somme toute possible qu’en inquiétant le spéculaire et les lumières du spectacle. Prenons ainsi appui sur ce qui déjà vacille et tentons d’ignorer l’inconfort de la situation. Prenons du même coup notre cécité inaugurale pour ce qu’elle est, c’est-à-dire la métaphore ou peut-être la mimèse d’une incertitude générique. Acceptons d’entrevoir, ici, dès le début, la faillite, du titre et du genre, si ce n’est d’un certain genre de titre ou d’intitulé.

Here we go round the prickly pear

Il y aurait beaucoup à dire sur la lecture et le temps qui passe. Egalement sur la pensée à laquelle, trop souvent, l'on refuse le temps et qui, ainsi n'est jamais autre chose qu'une réponse brutale, dans le fond comme dans la forme. Pire encore, peut-être, il y a cette pensée que l'on somme d'advenir dans le cadre contraignant du temps limité, du temps compté, de l'heure qui tourne. Mais, a contrario, la pensée peut-elle se produire hors du temps? À relire Cioran, juste après T. S. Eliot, tout porte à croire que la pensée, en tant qu'elle est mise en mouvement et foi dans le devenir, n'est que "la version profane de la damnation", une des conséquences de notre "chute dans le temps".

20/07/2007

One Hollow Man

Jacques Derrida.
Son ombre portée
sur l'ère terne.
L'heure tourne.

You are

Il est remarquable que l'Autre soit pluriel lorsque l'on s'adresse à lui, directement, dans la langue universelle. Comme si la verbalisation s'accompagnait toujours, en creux, d'un A qui ai-je l'honneur? inquiet, petite porte de la solitude.

Livre et Bataille

Il y a ce nom, déjà. Une résistance en soi. Et puis l'attitude du prédateur tournant autour de sa proie, le texte, qui devient pour un temps centre du monde. Immobile, forcément.
Contre-nature par obédience, Bataille ne se livre pas.
Mais au-delà de l'onomastique et du jeu de mots, il y a effectivement mouvement, in fabula : c'est la lecture, érigée en art complice. On parle là de ce qui se passe une fois la couverture rejetée, une fois l'objet livre dénudé de son titre. Ce qui bouge, c'est l'oeil, qui maintenant fait corps avec le propos, dans un rapport qui se doit d'être séditieux. Rapid eye movement, le sommeil paradoxal de la littérature.

19/07/2007

Tranchant

Certes, mais là là où je ne saisis pas Bataille (peut-être parce que trop en mouvement), c'est dans l'apparente immobilité du livre. Un seul regard sur la tranche du Graham Greene (que je suis en train de lire, là, maintenant), et en particulier sur les ailes meurtries du pingouin de la tranche, me donne à penser que là, oui, là aussi, ça bouge.

Sans titre

"L'apparente immobilité d'un livre nous leurre : chaque livre est aussi la somme des malentendus dont il est l'occasion".

18/07/2007

Sur ce.

Tout est question de titre.
À commencer par je.
Et là, oui, il faut douter.
Et je n'ai/est pas assez.

A(h) ce titre

Pas si suspect, le fait que le titre se trouve (car on le cherche toujours) sur la couverture, puisque celle-ci, comme son nom l'indique, couvre ce qu'elle contient. Il en va de même pour les individus, dont le titre, même et surtout lorsqu'il est (h)onorifique, a pour objet de dresser un rempart de déterminismes dans l'action. Le titre donne droit et matière, c'est pourquoi plus il s'éloigne de son objet, livre ou personne, plus les choses prennent le parfum de la littérature et du romanesque. Il ne faut pas fuir les titres, ni même s'en méfier. Seulement les faire mentir, à tout prix.

15/07/2007

Ce titre n'en est pas un (ou 2)

Mais un titre d'ouvrage est-il jamais acte d'auto-monstration? Sommes-nous bien certains qu'un titre ne renvoit pas toujours à autre chose qu'au contenu ou la suite qu'il prétend annoncer. Sa place sur la couverture est, à ce titre, suspecte.

Comment taire

Oui, il faudrait laisser ce signe de rien se taire. Mais est-il vraiment surprenant que ce soit la vacance qui appelle autant le commentaire? Là où le trop plein règne, là où l'intentionalité se veut monolithiquement signifiante, la parole s'assèche vite. Ce creux, qui se prète à toutes les inversions, manipulations et autres surinscriptions, se donne, ma foi, à lire. Malgré tout. Malgré rien. C'est un geste qui, au fond, n'est qu'un envoi dont le code réside, ironiquement, dans notre désir de présence, pour ne pas dire de bruit.

13/07/2007

Dissiper (3)

Il faut savoir désapprendre.
Risquer l'anagramme, numérique et syllabique.
1.100.10, embrasement pluriel.
Et ne pas oublier l'ânonnement d'origine de la bourrique baveuse (à supposer que le préjugé soit opérant).
100.10.1, nihilisme arabisant, dialectal.
J'en conviens, ce second préjugé, tu mais prononcé, est 1.10.100.
Par sa cohérence, surtout.
De haut en bas et de bas en haut.
Bienvenue dans les comptes de la crypte.

Ce titre n'en est pas un

Fort bien, mais lequel ?
Le démonstratif, par définition, baisse le doigt.

(2) quoi ?

La glose, sinon l'exégèse, pose comme bien souvent, malgré elle, une question qui lui échappe, servant l'Eon qu'elle cherche à démasquer : sans indice de quoi ?
Il n'est pas de réponse qui n'interroge pas. C'est là tout le fascinant de l'avalanche spéculative : le graffeur, probablement imbécile, en dit si peu que le monde entier se met à lui répondre. Chapeau bas.

12/07/2007

100.1.10 (2)

Curiosité insigne que ce chiffre qui se donne à voir comme code, jouant avec l'approximation ou l'infraction sonore (cent-un/sans un) et, par-là même, placant discrètement (mais pas assez) l'indice là (sur le bord d'une liaison dangereuse) où le signal prétend le refuser, de manière cryptée. De façon insignifiante, l'indice de ce qui est, a priori, non-indice se gausse alors, peut-être, des apprentis herméneutes et autres suiveurs du Da Vinci Code. Et en effet, la question posée est bien la suivante : "mais qui ne parle pas?

In Progess

The recoil of my heart tightens
as your absence calls for consideration
in the vicinity of a sentence uttered by the character
of a novel that you’ll probably never read.
I must get forwards.
Between words which are not yours
is still enough space for your fingers
to move me, though no longer to tears
(truth is best). The reason is simple.
The sight has now turned
into the fragment of a vision that silently unreels
each time I fancy myself being caught unawares
by a four-year old remembrance.
Yes, I surely do my best
to be the hero of my story,
though, admittedly, the plot remains yours.

10/07/2007

Tigrement christique

Signifiant/signifié, ombre et/ou proie, ici comme ailleurs.
Il fait toujours sombre autour de l'intérieur du mot.

Une soirée entre amis, coupure de courant, obscurité totale.
Soudain l'on se situe autrement.

Mais qui ne parle pas ?

26/06/2007

100.1.10

Tel est le tag mystérieux qui se répand sur les surfaces inscriptibles de Rouen telle que je la retrouve. L'oeuvre peut-être de quelque vandale féru de numérologie, d'un graffeur qui ne sait guère compter que jusqu'à un, ou bien (qui sait ?) d'un nouveau Basquiat.

Quelle que soit l'intention de l'auteur, auquel échappe sans doute, comme bien souvent, la puissance du message dont il est le modeste vecteur, moi j'y lis avec délectation l'ânonnement d'un pied-de-nez monumental : sans indice.

24/06/2007

Mouvement de

A l'instar de profiter. Associé au moment, le verbe forme même, en composition, une regrettable aporie.

Recul

La conjuguaison ne doit pas nous tromper. Devoir est un verbe qui n'est jamais présent.

18/06/2007

Autre mode

L'on peut, certes,
espérer

revoir
tomber
(un jour)
sur les parquets
des mouchoirs de dentelle,
au détour d'un regard,
au retour d'un regard.

14/06/2007

12/06

To F.

This you will deny.
The wait will remain unacknowledged,
Though endured.
You waited — of course, you did.
Yes ——.
Just to ascertain, presumably, that you were right.
It was your turn after all.
After me. It was your day.
The words I wrote, once sent,
Once received, only (as always)
Led to a silence I was summoned
To read as scorn.
This is what you expected.
I know.
But I also
know you waited
For the words.

11/06/2007

Pas

Quand on vit à Manhattan, il est impossible de ne pas marcher vite. C'est un problème tellurique. A New York, on fait (le) tout rapidement. Avidement, évidemment. Je déteste cette chaîne circula(to)ire qui m'oblige à suivre mes (propres)
pas,
qui ne sont pas miens, car...

Chemin faisant (téléologie new-yorkaise)

...moi j'aime les pas encore, les pas pressés, les pas vus mais pas pris, les pas de deux et les pas de charge, les pas le temps, les pas toujours, les pas cent qui font les sans pas, les pas souvent les pas mesurés les pas d'ici aussi les pas du rien et surtout les pas dit. Singulier.

10/06/2007

Chemin

On chemine. Longuement. Et avec nous, les mots. Blanchot (toujours) l'aura dit. Oui. La première fois que ce mot a pris son sens, c'est sur une couverture de roman. Diloy, le chemineau. De la comtesse de Ségur. Cadeau de mon grand-père. On y voyait un jeune garçon, portant besace et casquette, sur un chemin. Précisément. L'illustration de couverture avait ainsi, elle aussi, fait cheminer un mot qui, jusqu'à cet instant, résonnait autrement à mes oreilles. Le mot était ailleurs, un peu perdu pour tout dire. Puis, les années passèrent et, Diloy, vieillissant (il faudra plus de vingt années), rencontra un jour le chemin d'un autre, et d'un autre livre (qui, lui, n'a pas d'illustration sur la couverture):

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura
ché la diritta via era smarrita.


Encore vingt années de plus et il n'est pas certain que Diloy et le mot aient vraiment retrouvé leur chemin.

Après toutes ces années...
J'en doute fort.
J'ai toujours, dans ma bibliothèque, l'ouvrage de la comtesse de Ségur. Le papier a jauni. Mais j'aime cette odeur, au-delà de tout. Je viens, aujourd'hui, de contempler, de nouveau, la couverture. Et, là, en effet, en cet instant, tout de suite et donc un peu trop tard, je me suis demandé ce que je regardais.

09/06/2007

Ses pieds

Le noir et blanc, au soleil, ça vire au fauve.
Le manichéisme bronzé se fait sauvage, et comme un peu moins vieux.
Pour les autres, en tout cas.

Car il faut se voir, soi, ne serait-ce qu'une fois, sur un cliché en sépia. Tous les appareils numériques le permettent, ce qui n'est d'ailleurs pas la moindre des contradictions - pour ne pas parler d'ironie. Parce qu'alors, on se regarde d'un autre oeil, presque historiciste, on s'imagine autre et plus loin, on se voit (enfin) se voir sans savoir qu'on est vu.

On s'épie.

Comme si le temps, allongé de toute pièce et hors de proportion, nous rejetait dans une génération antérieure. Coup de soleil, coup de vieux. Alors on se demande comment on vit, comment on avance. Comment on chemine.

Et qu'est-ce qu'on regarde ?

Sépia

Elle semblait,
je crois,
ne pas vraiment prendre
au sérieux
ce qui se
disait. Son regard, souvent ailleurs, s'allumait parfois et on y lisait
le mépris. Le gris de son gilet
était
à peine plus foncé que ses cheveux.
La main gauche,
posée sur la table de jardin,
avait trente ans de moins,
par cette journée
(moyennement)
ensoleillée.

Il y avait dans l'air,
ça j'en suis certain,
un parfum de savon.

07/06/2007

Artaud à Rodez

Là, l’entrelacs. C’est là que la pensée se resserre, pour advenir... Oui, enfin, là au creux d’une absence, au bord de l’encore impensé, là où la pensée s’affirme comme la simple invitation d’elle-même à elle-même. Torsion, tort (vrai), tour, retour. Je me demande même si au bout du compte, tout au bout, ce qui se passe ne se passe pas sans moi, au-delà de moi, même si (non ?) en moi. Le tremblement s’opère, et la souffrance travaille une surface, un objet qui s’annonce. Au bord de, c’est là. Opération, opéra, opus, op (cit.), o. Trop, alors que c’est moins. Partie(s). un, deux (et après). Paragraphe. Par. (a). Graphe : §. Artificialité de l’Aufhebung. Plus, si ce n’est pas déjà moins. En réserve. Garde. Exemple. Ex. Hors de. Biffer, raturer, effacer. Méthode. Odos. Le chemin ? Préambule : marcher avant, devant. Faire marcher. Marque, re-marque. Eye-twitching. Je. Voix passée, passive. Ordre. Liens. Soigner, soin (alors guérir, trouver … ). Phrases : début, rebut. But. Telos. On. Non. N(on). Nous. Rigueur (à la). Rhéorique. Rhéteur. Plus de bretteur. Langue à l’œuvre. Coupe (re-, entre). Plan (étranger à toute idée de, disais-je). Indisponibilité de moi-même, a priori. Idiome. Esperluette. Involution : suivre la trace. Mais, cependant, néanmoins. Or (aussi). Logos (verbe). Logo. Lolo. Lo. Logolalie. Lali, lala, lalère. Idée : §. Si. Peut-être, mais aussi oui. En fin.

À mon ami

en effet...

Et ainsi (de suite) tout
est
dit d'un certain
constat (aussi nécessaire
que pénible).
Et aussi,
(c'est peut-être dommage)
de l'effectivité
du dit constat.

Ça joue.

Je vais
rester encore un peu.
Malgré tout.
Malgré le moins aussi.

Allegro, ma non troppo


C'est l'histoire d'une parenthèse

Mornitude zéro

"La chair est triste,
hélas !
et j'ai lu tous
les livres".

On est bien mal armé, décidément,
lorsqu'on est un jouisseur érudit.


L'attente.

Du prochain frisson,
d'une nouvelle couverture.


L'attente, toujours.
Déçue, comme de bien entendu.

06/06/2007

Et un

Comprenne qui pourra.
Il faut avoir un certain âge, pour ça.
Du silence performatif comme voeu discret.

The number of the least.

05/06/2007

Huisseries

Aujourd'
hui
(c'est là que le jeu a lieu,
qu'il se déploie)
un peu
plus
enfin, un
peu moins moins.
Hier, là,
à cet
endroit
je
n'avais
pas
mal.
Ou alors...
S'habituer,
c'est ça,
au fond:
à être, toujours, un
peu plus,
moins.

04/06/2007

(il)

C'était un "on" comme une inspiration,
profonde,
avant que le "je" n'expire
à nouveau.
Il mûrissait dans un souffle.
Comme tout le monde.

(je)

"On", disait-il,
une fois que la vague
d'orgueil s'était
retirée,
pour le laisser pantelant,
et, pour l'heure,
incertain.

02/06/2007

C'était là

A bien y regarder, tout tourne autour de la trace.
Nous tournons autour, nous y revenons sans cesse, pensant peut-être mieux la fixer, alors que chacun de nos tours et nos retours ne peut produire que son érosion.
Une partie de ce qui se passe ici trouve peut-être son expression la plus achevée dans Robinson Crusoe.

It happened one day, about noon, going towards my boat, I was exceedingly surprised with the print of a man's naked foot on the shore, which was very plain to be seen on the sand. I stood like one thunderstruck, or as if I had seen an apparition. [...] I could see no other impression but that one. I went to it again to see if there were any more, and to observe if it might not be my fancy; but there was no room for that, for there was exactly the print of a foot-toes, heel, and every part of a foot. (Chapter XI)

Car, en effet (revenons y), pourquoi une seule empreinte de pied?

Peut-on répéter un silence ?

Oui, la question est obsédante. Et si belle.
Et la question, aussitôt posée, invite irrésistiblement à la parole. Elle nous somme de la prendre. Mais, déjà, cette dernière, à peine prise, soucieuse de dire quelque chose (je ne dis même pas répondre quelque chose) se surprend à multiplier les faux départs, ne réussit à assurer ce qui confine à de l'inchoatif, et retombe dans des hésitations silencieuses — des tacets, serais-je tenté de dire qu'il est difficile de taire.

01/06/2007

Contours du silence

De ce qu'à moi, ou à tout le monde, il semble ainsi, il ne s'ensuit pas qu'il en est ainsi. Mais ce que l'on peut fort bien se demander, c'est s'il y a sens à en douter.
---- Ludwig Wittgenstein, De la certitude

La voici donc, cette fameuse citation.
Assortie d'une question obsédante : peut-on répéter un silence ?

Interrogation qui fait d'ailleurs craindre, ou espérer, une nouvelle disparition -- des mots écrits, en tout cas, pas forcément du sens, ni même de l'écho ainsi creusé dans l'entendement.

Où l'on en vient aussi à se demander si le tu ne sert pas de pochoir à l'aio quod sum.

Ces mots de Wittgenstein rappellent en tout cas que le doute véritable est par nature mis en abyme, à l'instar de la certitude. Pourtant, si l'on est toujours sûr d'être certain, on ne l'est souvent pas moins de douter, par l'effet d'un nombrilisme borgne qui largue allègrement les amarres de l'héritage pascalien.

Ou alors...

Ou alors, il faudrait —- mais rien n'est moins sûr —— apprendre à ne plus parler, ou désapprendre à parler. Peut-être alors échapperions-nous enfin, dans la conversation de tous les jours, à ce qui peut s'apparenter à une forme d'épilepsie collective (je songe, ici, à mots à peine couverts à tout ce que Cioran a pu écrire à ce sujet) qui, à chaque instant, à tout bout de champ/chant nous laisse comme hagards, mais aussi (croyons-nous) soulagés d'avoir pu dire ce qui devait être dit (et donc, fait) au terme de ce que nous envisageons bien souvent comme une course de fond. Oui, il faudrait peut-être désapprendre à parler, afin de dépasser le vacarme d'une éloquence qui cherche à prendre le nom de communication, afin de voir la course comme ce qu'elle est: à savoir, une course de forme. mais un tel mutisme ne parlerait plus que de lui-même, et pour lui-même; ce ne serait qu'un silence sans âme, seul, sans fond, et sans véritable raison d'être, autre que la simple négation de la parole. Un silence qui dirait non. Il faut peut-être, au contraire, laisser le silence s'affirmer, dire son oui, et ainsi le laisser s'entretenir avec la parole, dans la parole. Certes, ceux qui n'écoutent qu'à demi ne verront pas la contrefaçon et, entendant le bruit de la parole, la confondront sans surprise avec sa substance et sa densité. Mais la parole n'est pleine qu'aux oreilles de ceux qui refusent d'entendre la confession -- perpétuellement réitérée -- d'un essentiel défaire au coeur même de son déploiement. C'est d'ailleurs en cela -- et peut-être en cela seulement -- (j'en reviens à la citation effacée, disparue de Wittgenstein à laquelle je n'ai cessé de songer aujourd'hui) que la parole est toujours ensorcelante. À l'instar de l'idiome dont use la sorcière, la parole dit toujours du défaire. Si ce n'est sa défaite. Oui, il faut, en effet, faire avec ça.

"And made him brenne his book anon right tho.
———— Chaucer, The Wife of Bath's Prologue v. 815

Pseudês

Dans la dissimulation résonne presque l'étymologie d'un double jeu. Autrement dit, l'on joue deux partitions à la fois, l'une couvrant l'autre, vice et versa. Mais si les notes se croisent avec art, l'oreille mélomane entendra des accords plutôt que des sonorités simultanées, des arabesques au lieu de figures rhétoriques. La dissonance, d'alliance incongrue, se fait double murmure et le dialogue échappe aux sourds, à dessein. Des deux lignes harmoniques, l'une est brute et authentique, l'autre un mouvement poétique, un élan, la ligne de fuite des vélléités assumées. Elles se rencontrent sans arrêt, ces lignes sinueuses, semant chaque fois les chasseurs maniaques de vérité pour n'emmener que les croisés du sens, toujours un peu plus loin.

Dans tous les noms, j'entends un refus. Le pseudo, lui, se pose en mensonge pour appeler à être lu. La barrière est alors enjambée, l'esprit passe outre les barbacanes. S'ouvre le domaine du surnom, un étage au-dessus, où l'on peut enfin surprendre le temps d'écouter.

Suspension

Reste la liberté thélémite, et même les esbats de la Wicca : la rigueur s'évanouit précisément dans la doctrine. Mais il ne faut pas se laisser étourdir par les circonvolutions de la doxa, car la loghorrée frénétique qui la caractérise, expectoration d'un individualisme de marchand, couinement pathétique d'un je qui se cherche en s'affirmant plus qu'il ne cherche à s'affirmer, ne donne que plus de relief à l'aphonie chéloïdienne : l'essentiel est tu.

(...)

Le propos semblera singulier pour celui dont l'œil fut trop rapide, ou aveugle. Mais, ici, il y a encore quelques heures, se trouvait une citation de Wittgenstein sur la certitude. Ou tout au moins sur la relativité de ce sentiment. J'aime l'idée qu'un tel sujet puisse se jouer de la certitude même de son inscription. Il figure, fait bonne figure, affirme sa présence, puis, discrètement, s'efface. Ne reste qu'un doute quant à ce qui a été vraiment lu. Ou, avec un peu de chance, entendu. La citation échappe alors, par l'entremise de cette seconde main, à une certaine phénoménologie pour n'être que sollicitation, mise en mouvement, et, enfin, mouvement elle-même. Elle était . Des heures passent. Mais cela pourrait être des jours ou des années. Et c'est alors que la parole, revenant du silence qu'elle s'était imposée, resurgit pour s'inscrire de nouveau. Et -- oui, Crowley n'est jamais loin —— la parole parlée, usant de toute sa dangereuse magie, murmure l'impossible rigueur du mutisme.

31/05/2007

Mutisme de rigueur ?

La philosophie est une lutte contre la manière dont le langage ensorcelle notre intelligence.
-- Ludwig Wittgenstein

30/05/2007

Hiver 1243

Les chevaux, alors, envahissent la plaine.
Leurs yeux se dilatent au rythme de la haine
que soufflent leurs montures de chair et d'acier
sous les étendards par l'orgueil levés.
Déjà, si vite, le métal cingle et lacère,
et le fil de l'épée dessine son chemin
dans des corps qui, sitôt transpercés, indiffèrent.
Je vois un genou à terre et, dans le matin,
un gantelet qui rend au jour son hommage,
une gorge de sang derrière le blanc d'un fanion.
La victoire, dit-on, n'admet pas de partage.

Croisements

A chaque fois (hier, encore), ce
tressaillement coronarien. Cette pause
au cœur de la respiration. A l'envie succède déjà
l'appréhension. Et l'après. Car après arrive
toujours si vite que
la rétine en vient
à douter.
Dans sa tension, la ficelle
de chanvre s'effiloche ——————

J'allume l'autoradio :

Every step we take that's synchronized
Every broken bone
Reminds me of the second time
That I followed you home

Là-haut, la voute

Nous étions montés très haut, peut-être contraints,
je ne sais plus. Ce que je sais, c'est que tu
avais compté les barreaux de l'échelle d'acier
et que tu en avais trouvé vingt-huit. J'ai, pour ma part,
jeté ma carte d'identité à
celui qui, tout en bas, ne voulait pas croire
aux chiffres de ma naissance.
Puis, un peu courbé,
tu as bougé
une des briques rouges dans la voute.
Inutile de dire que tout a tremblé.
Je me suis mis alors, moi aussi, à compter.

29/05/2007

Pacte manqué

Il y a des gens
qui sont contraints
de vendre leur corps

pour survivre.

28/05/2007

Cazotte: entretien, suite et fin

L'Autre avait condescendu (manière de parler)
à s'entretenir avec lui, en toute inimitié.
Parce que la lumière faisait l'ombre
il était une voix avant tout.
Cazotte notait, en son fors intérieur,
les préciosités de son idiome et, en bon
philologue, tirait quelque satisfaction
à l'entendre recourir aux mots les plus
justes pour parler de son souhait.
"Le secret de mon escole?
Il m’est avis certes quant je le nom, pour toi,
Goutes de fiel et austres degoutent de son non."
L'Autre esquissa un sourire,
et, de la main et de l'œil, lui montra un mur:
"Or t'a d'un seul tour si bas mis", dit-il,
Et Cazotte vit le mur s'ouvrir,
et, par cette porte, la nuit rentra.
Les instants arrivent toujours, se
répétait-il.

C'est sur le seuil que tout s'est passé.
Cazotte n'en est jamais vraiment revenu.
Cela restait au moins autant à dire
qu'à écrire, se dit Cazotte, en songeant
au calendrier et aux jours
qu'il faudrait ajouter.

Cazotte: passage

Pour M. P.

Un an, un an et il était déjà si loin,
et chaque heure passée n'était plus une heure en moins.
Comme les pensées reviennent toujours au Même
dans l'inégalité de ce lourd Savoir.
Attendre est impossible lorsque le vent essaime
aux quatre coins les graines d'un aveugle espoir.

Et son cheval vieilli se cabre auprès des morts.
Cazotte prend dorénavant pour tout repas
ce qu'on lui donne, en chemin, ici et là.
Son âme connaît bien le nom d'Aymaymon,
elle longe à présent des allées de nacre
où des rois maquilés dans l'attente du sacre
sallisent tristement la poudre qui les dore
et font se déchirer les drapeaux d'Avalon.

Cazotte a oublié de rire ou de pleurer.
Il sait que Salomon ne s'était pas trompé.

27/05/2007

Cazotte: salle d'attente

Monsieur Cazotte faisait maintenant mine
d’ignorer le regard de son voisin et
s’absorbait dans la contemplation d'un
calendrier accroché au mur.
Papeterie Marlot, SARL. Depuis 1866.
Sur la table, une revue ouverte sur
une publicité qui, croyait-il, lui
reposerait l'esprit : Ecole de
commerce international Hélois Shemppet.
Genève-Londres-Berlin

Hypothèse

Tout roman devrait débuter ainsi : "La phrase qui précède celle-ci ne peut figurer sur cette page."

The Scarlet Letter

Il y va d'un bégaiement, au creux du titre et à la lettre près, que ne pouvait laisser pré-voir la décision (ou l'incision) du déictique (The) dans le titre, du déictique en titre : let-let. La lettre est ainsi, dès l'abord, offerte puis reprise, comme par avance. Et pour tout dire, reprisée, et, de cette façon, presque déjà cousue et brodée sur le sein d'Hester. Le geste est aussi celui d'une entaille, d'une cicatrice (scar) laissée à un certain endroit et qui expose autant qu'elle cache la lettre en son secret: un signifiant dont le signifié reste à venir, à jamais.

26/05/2007

Vérité de l'acouphène

Remarquable, cher ami. Ce qui n'est pas le moindre des paradoxes.

J'ai un secret, donc.
Je le possède, mais pas comme un trésor : plutôt comme la clef du coffre.
On thésaurise. Eventuellement, on confie la clef. Je s'efface. Histoire que les plantes soient arrosées quand on n'est pas là. Mais pas le coffre, pas le secret en lui-même.
Confier, ce n'est même pas prêter. C'est conférer, un temps, une responsabilité qu'on compte bien reprendre. Que même on n'abandonne à aucun moment. On délègue, on stratifie, ce qui ajoute, fort opportunément, à l'opacité.
Bien souvent pour cacher qu'il n'y a rien à cacher, au sens où ce que l'on cache ne court pas réellement de risque. Le danger que crée ex nihilo la verbalisation a principalement pour objet de valoriser l'insignifiant.

Mais peut-être est-ce pour véritablement masquer l'insignifié.

Ou simplement, prosaïquement, pour me faire mousser. Retour du je. Réapparition, plus précisément - réappropriation. Car l'autre à qui l'on confie le secret n'est guère qu'une instance passive, une lune. On s'en sert, je m'en sers comme d'un miroir grossissant, et c'est bien là que le bât blesse. La dissimulation est manifestement prise en défaut.

- J'ai un secret à te dire.
Non merci. J'attendrai que tu ne me le dises pas.

Les murmures, toujours, sont assourdissants.

Comment ne pas parler?

Je pense n'avoir rien lu, au final, de plus resserré sur le sujet. Entendons sur ce type de sujet qui, précisément, n'existe que dans son occultation en tant qu'il est a priori sujet. Et, pour tout dire (tentons de le dire), cela va au-delà de l'idée du "secret nommé". Pour qu'un secret soit (pour qu'il existe, en tant que secret), il faut qu'il soit partagé. Le secret, ab origine, inscrit en effet dans son avènement autant la nécessité du silence que l'inévitabilité de la rupture de ce silence: j'ai un secret à te dire. Resserrons plus encore : j'ai un secret. Même lorsque l'effacement de la possibilité du dire tente de se faire passer pour une interdiction du dire, même lorsque l'entre semble s'effacer dans la syntaxe (soulignons : semble), l'énoncé est déjà en soi une infraction au code du silence. Au moment où le secret secrète, à l'instant même où il entre dans la relation du entre (présent de manière explicite ou non), il cesse d'être alors pleinement secret. La conclusion alors s'impose: il n'y pas de secret qui soit. Glosons : c'est le passage à l'être, via le logos, qui condamne à mort le secret. La sentence exécute. Le phénomène relève d'une double aporie, énonciative et épistémologique, qui pourrait d'ailleurs se condenser dans la question posée ci-dessus: comment ne pas parler? Il faut dire/lire la question à voix haute pour être certain de ne pas l'avoir bien entendue.

Ici et là

On est bas.
Lorsque l'on dit "là-haut", on lève les yeux.
Mais "là-bas" suscite un regard horizontal.
Quant à "ici-bas", qui semble indiquer une plus grande proximité de point de vue, il renvoie au contraire au Très-Haut, qui est en outre très loin, pour le moins.
Par ailleurs, dans cette dernière expression, de sujet du regard, l'on devient objet.
Décidément, on est bas.

En piétons

Empiétons en passant(s) sur un ailleurs agité pour deviser ici, au rythme tranquille d'une bal(l)ade contemplative, sur la question qui y est soulevée.
Il faut en effet, comme on le dit là-bas, déplacer les mots pour que le secret se crée. Entre nous.
Reste à savoir si l'entre invite à la complicité ou fait au contraire enfler une distance à génération spontanée.
Mais ça reste entre nous.

25/05/2007

Crypte

J'aime cette idée, à tout prendre, et donc à ne rien laisser, que cela pourrait échapper au calcul...
Ce serait un bon début.

[filip]

Le Nombre d'Or au bord des lèvres.

Onomastique, définition et fatalité.
Magie, aussi. Sur-tout.

Nabilone

Se trouver au travers de son chemin,
c'est réussir brillamment sa quête identitaire.

D'autres se trouvent bien souvent en travers,
deux lettres annulant à elles seules
tout l'acquis lacanien du fameux stade du miroir.

Dans le premier cas, en revanche,
l'acquis se fait acquit : la progression alphabétique,
nécessairement stochastique, témoigne du cheminement,
au sens où l'on avance en découvrant que l'on est loin
d'avoir épuisé les possibles. Il faudra s'acquitter encore,
et c'est heureux.

Soit dit en passant, je goûte la référence partagée.
Jusqu'à la lie, qui s'impose.

24/05/2007

Emétine

Je me gêne.
J'ai souvent l'impression de me trouver au travers de mon chemin.
Très différent de ça: "and suddenly I felt something rise inside me that wasn't vomit. It was a sense of pride", The Long Hard Road Out of Hell p. 91.

Quelques cendres aussi

C'est avec les textes qu'on parle, non ?
J'entends par là qu'ils sont des interlocuteurs, d'abord,
puis des instruments de discussion.
On ne parle ni vraiment d'eux, ni sur eux,
mais bien avec eux.

C'est rassurant, quand je pense au faible taux de prévalence
des QI supérieurs à 70 parmi les gens, dont je suis, qui ont lu
The Long Hard Road Out of Hell.

De la morgue, là, mais pas la même.

Poussière de bibliothèque

Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813; L’Ami Fritz.
Paul Bourget, Un divorce; Le Démon de midi.
Georges Duhamel, Chronique des Pasquier; Chronique des saisons amères; Biographie de mes fantômes.
Georges Clemenceau, Au soir de la pensée.
Renan, L’eau de Jouvence.
Edmond Rostand, L'Aiglon.
Maurice Barrès, Un homme libre.

De ma génération, je me demande parfois si je ne suis pas le seul à avoir lu ces livres... Ce n'est pas de la morgue, comprenons-nous bien. Tout juste l'appréhension d'une grande tristesse. Celle de n'avoir personne avec qui en parler.

Sadisme masochiste

Faire faire.

Antiphrase

"faire avec..."

Loin devant

A vivre, les jours qu'il nous reste sont une réserve d'enfance.
C'est le vécu qui est adulte, même le plus ancien, puisqu'on lui assigne un sens sûr.
Si l'expérience relève du démontage maniaque, obédient,
l'à-venir est quant à lui toujours une construction fantasmatique de soi dans l'inconnu,
une projection saturée de sens - un cri dans la doxa : un nom.

Alors ce ballon, oui, il y est encore. Parce que la suggestion ne peut pas prendre, en la circonstance. L'air s'échappe ou se dissipe, mais la baudruche n'est pas franchement un modèle de biodégradabilité. C'est ainsi.

On le sait quand on comprend que l'adulte a toujours tort, absent qu'il est, par nature, du présent.

Le voyeur vu, voyant qu'on le voit voir

A New York, on est toujours entre deux écrans.
Sauf qu'on ne sait jamais vraiment de quel côté.
On en vient à chercher son propre regard des yeux, vice et versa.
Les autres se font miroirs - sans tain, il faut l'espérer.

Loin de là

Voilà: deux lignes d'André Maurois,
et je me remémore, sans effort
un ballon sans sa couleur,
                          attaché sur le
haut d'une banderolle, dans une
cour de lycée, et que j'avais suggéré
de décrocher.

Il y est encore. Je sais.

Voix ferrées

... te rends-tu compte...et tout ce temps-là, il était ...
moi, tu vois... c'est complètement dingue ... n'arrive pas
à me faire à cette idée ... alors, oui, ...
l'année prochaine... on peut pas...
ce soir ...

Le grondement du train fait
bourdonner les paroles
mais émousse leur piquant.
Je ne sais si je dois m'en féliciter.

Ceux des fossés

Faut-il ?
Question coupable.
Mais doit-on ?
Approche à tâtons, il se fait on.
Qui parle de se défausser ?

23/05/2007

S'agir (2)

Bégayons un peu. S'a-s'agir. Soudain l'agitation se fait moindre, le mouvement se ralentit. On peut même accueillir le féminin, alors qu'il (encore) n'a aucun droit de cité dans la présentation incipitale et impersonnelle, impersonnifiée de l'agissant. Toujours cette passivité illusoire, et l'ass-agissement du guerrier.

Sillon (2)

Percé jusques au fond du cœur
D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,


Il faut écouter le vers en sa pointe: Jusques au. C'est en ce lieu que ça perce, longuement. Lentement.

Il y a

Oui. Il y a. There is. Pire encore: es gibt. Autant d'expressions impropres pour renvoyer à la littérature. À la littérature comme contenant et contenu, comme "substance" à trouver ou qui se donnerait d'elle-même. Il y a là une logique de la présence qui semble prévaloir et qui, nous en avons tous fait l'expérience, informe l'enseignement de la discipline à presque tous les niveaux. Or, la littérature ne se donne ni à lire, ni à trouver. Elle participe d'un retrait et s'inscrit dans la garde ou le repli. Si c'est un don, il est juste esquissé, puis nous est retiré aussitôt. Le manque est ce qui, alors, demeure.

22/05/2007

S'agir

"Il s'agit". Il est dommage que seule la topique du sujet soit communément entendue dans l'expression: certes, c'est bien une question de sujet, a matter of, mais qui entend encore l'agitation qui règne au cœur de la question? Ou quand la monstration se fait sollicitation, mise en mouvement, action, ou quand le about retrouve toute son extériorité, sa périphérie, ses alentours, ses à côtés: "O.E. onbutan "on the outside of," from on "on" + be "by" + utan "outside," from ut (see out)."

Sillon

Parce que l’évitement — et donc probablement l’évidement — est au cœur même de ce que l’on appelle par défaut, et comme un défaut, la "chose" littéraire, il est vain de tenter, par la force, de vouloir y mettre (là, ici, dedans) ce qui ne peut que bouger et s'évanouir. Chaque livre lu érode la chose pour ne mettre en avant que la "littérature", à savoir ce qui participe d’une absence essentielle, tant sur le plan de l’intentionnalité signifiante que sur celui d'un signifié a posteriori, établi et certain. Il ne s'agit pas, évidemment, d'un geste de négation, mais bien d'un point de départ permanent vers tous les possibles, le moment même de l’Aufriss, le tracé-ouvrant et donc séminal que dessine toute littérature.

Geste

Son geste de la main a changé.
Je vois ses doigts à travers le pare-
brise et mes yeux
reconnaissent autre chose
qu'un salut. La vitre n'y est pour rien.
Et l'impact a lieu derrière le cristallin. Aucune
assurance pour un bris de glace
qui ne se produit pas.

21/05/2007

Faire (2)

Et puis on est toujours affairé à se faire quelqu'un d'autre, que le verbe soit transitif ou non. Rien de plus compliqué, mais en l'occurrence c'est surtout après que la difficulté se fait jour.
Sous la forme réfléchie, l'altérité est encore plus ingérable. Pas de petite mort digne de ce nom pour consacrer la fin d'une faction de hasard. On est réduit à s'en faire, sans savoir vraiment quoi.
L'en-faire, ce n'est pas les autres.

Faire

Si l'on consacre tant de temps et d'énergie à défaire ou refaire, c'est, au fond, parce que faire est tout simplement la chose la plus compliquée au monde.

Demeure

Dernier mot, plus haut. Demeure : il y aura toujours pour moi, dans ce mot, autant de confort que d'inquiétude. Le mot reste à écouter et sollicite de nous sa ré-écoute. En permanence, il invalide ce qu'il pourrait impliquer en toute première instance, et chaque lecture, à la suite, inscrit du doute dans et à partir de l'oikos. En somme, le mot, en dépit de que l'on peut/veut imaginer, inquiète son "j'y suis, j'y reste" et nous fait hésiter sur le lieu et ce qui a lieu. Je reviens. J'y reviens.

15/05/2007

Lessive des voiles

Lavons donc en famille, histoire de faire place nette et table rase d'un revers de la main, poursuivant ainsi, plutôt que conditionnant, cette conversation fort plaisante. Je rappelle ici le frontispice de ce lieu : "Ca suit son cours". N'hésitons donc pas à nous perdre.

Glosons, aussi. Hubert Nett est übernett, soit très très gentil. La part lumineuse, donc, de l'avatar Krèkrèméfant. On a eu vent aussi d'un certain Hyprashanti, dont une adolescente alsacienne versée dans l'étude du sanscrit aura compris qu'il entretient quelque parenté avec le sieur Nett, de même qu'avec l'ubac de ce dernier, ce qui en fait à n'en pas douter le cousin germain de l'un des deux.

Tous ces masques sont faits de voile et n'ont d'autre but que de découvrir, peut-être, et c'est tout ce que je me souhaite, le mouvement karmique instable que, par commodité plus sociétale que personnelle.

14/05/2007

Salir

En espagnol, ça veut dire sortir. J'ouvre la porte en espagnolette, pour figurer la fenêtre qu'elle se veut être, en vérité, parce qu'écrivant, on n'invite qu'à voir. Pas à entrer, tout comme on ne sort pas, puisque l'écriture relève effectivement de la jecticité. On brûle à l'intérieur, on se consume dans l'espoir de produire, au dehors, une fumée signifiante, évanescente et, par définition, insaisissable. Mes mots prêtent à voir, visibles mais intouchables, étant donné que tout ce qui entre, tout ce qui passe le chambranle, seuil en trompe-l'oeil, est voué à être rejeté à la faveur d'un processus fondamentalement digestif. Au cannibale, je préfère le vampire, question de goût.

Mon nom, cette construction sociale qui n'est qu'une armure de déterminismes dont j'ai peine à distinguer l'envers de l'endroit, il est déjà dehors. Né en captivité. Impossible de le rater, il est juste devant la porte-fenêtre, au bout de la pâture qui est aussi l'orée du rejet : Karl Mengel.

Pseudo (2)

Au mépris du mépris comme de toute méprise, et tout en sachant que la vérité est plus un mouvement du voile qu'un dévoilement, il est, au-dessus de tout, préférable de courir le risque de signer de son nom propre. Et il ne s'agit pas là d'être plus clair ou plus vrai. Il s'agit seulement, au final, de se reconnaître, un peu, de se retrouver, l'espace d'un instant, et l'instant d'un espace, dans ce geste d'écriture qui toujours déjà nous conduit à nous égarer. C'est la loi du genre. Pourquoi donc en rajouter par la cryptonimie? Alors, voilà : au bas, de cette note, encore une fois, j’ai signé. De mon nom. Mais je sais aussi que c’est bien une signature en creux. Et, comme toutes les signatures (en dépit du traitement typographique), elle demeure difficilement déchiffrable, lisible et identifiable sauf, plus sûrement, par celui qui la commet. En signant, je ne fais jamais autre chose que laisser une marque qui me rappelle à moi-même et qui, finalement, n’atteste que ma présence à un moment de mon histoire, à un moment de l’Histoire. Et puis, si le propre du nom, c'est probablement, à plus ou moins brève échéance, de se retrouver en situation d'expropriation, alors autant l'inscrire et ne pas devancer l'effacement.

Noms communs, lieux propres

Travestissement, dévoilement, au bout des mots tout est mensonge.
Mais on ose moins se salir dès lors qu'on parle en son nom propre.

Pseudo (1)

À une époque où, sur la toile et ailleurs, tout le monde joue à cache-cache, de manière plus ou moins convaincante, l'absence de masque reste, à mes yeux, le meilleur déguisement. Ou tout au moins elle en signale la vraie possibilité.

Trace (2)

L'écriture n'est que pro-jet. Mais elle ne l'est pas tant en raison d'une intention signifiante que dans son essentielle jecticité, dans cet envoi qui, précisément, défie tout calcul et toute vélléité de programme. Et, en celà, elle est véritablement événement. Ca arrive. Et toutes les chances sont a priori réunies pour que soit manquée la cible.

13/05/2007

Trois lettres de chat

Trois lettres de chat font chapeau.
Trois lettres de chat font chat.
Il suffit que des langues s'entrecroisent.
C'est du propre.

Trace (1)

Écrire, c'est sans cesse réaffirmer l'allégeance à la rupture et, alors, mettre en avant la surchage de néant qui habite les mots.

Onze heures moins cinq

La pendule du bureau
s'est arrêtée et l'heure qu'elle signe
dit combien nous passons sans compter.
Voire inaperçus.

Formule

Ou petite forme.
Un sourire en esquisse,
où l'oeil fait naître l'ironie.
Et les lèvres le doute.

Discussion (2)

La proximité appelle le silence, qui n'appelle rien en retour.
Le doute est alors dans la bouche. Est-elle à la lèvre, ou à l'autre bout du souffle ?
Quant à la commissure, la langue la réserve à l'infraction. Il faut donc attendre encore.

Près de qui, c'est toujours la question.

12/05/2007

Discussion

La lèvre est enfin privée de sa bouche.
Esquisse de silence. À voir, une fois
encore. Je cherche -- à présent -- la formule
qui pourrait faire apparaître
une commissure de doute.

Je suis tout près.

Bien avant Philby, Burgess et McLean ...(2)

Viens de commencer Madame de Bonneuil, femme galante et agent secret: 1748-1829 (Paris: Laffont, 1987). Intéressant, mais décousu. Tout au moins les 60 premières pages. A suivre.

11/05/2007

Quincaillerie

La résistance qu'offre la crémone
donne à voir, ce matin,
un désir
de fenêtre. Jalousie. Jedem das Wort.

Bien avant Philby, Burgess et McLean ...

Ai fini Le faux évêque de la Vendée, de J. M. Augustin (Paris: Perrin, 1994). Ou comment un quidam réussit à se faire passer pour l'évêque d'Agra et le chef de l'insurrection vendéenne. Sans que l'on sache vraiment aujourd'hui si ce Guillot de Folleville était un agent des généraux royalistes ou un espion du Comité de salut public. Une chose est certaine : il a trompé tout le monde. Certes, il finira, comme beaucoup, décapité. Ce qui me fait relire ce matin, en un détour inattendu, certaines pages de la Lettre ouverte aux coupeurs de têtes et aux menteurs du bicentenaire, de Philippe de Villiers (Paris: Albin Michel, 1989). Lecture à conseiller à mon ami K.

10/05/2007

Asmodée

Ce soir, très fatigué. Diablement, devrais-je dire.

09/05/2007

Notule

Tous mes livres sont d'occasion. De seconde main, ou de circonstance.

Allais: La vie drôle?

J'ai terminé hier soir l'excellente biographie d'Alphonse Allais par François Carradec (Paris : Belfond, 1994). Un délice et un modèle d'érudition. Et ce qui ne gâte rien c'est que l'on peut trouver un éclat de rire à chacune des 500 pages. Mais, plus intéressant encore, Carradec a compris combien ce grand seigneur de l'esprit, qui ne riait jamais de ses propres plaisanteries, était un grand mélancolique, voire un misanthrope à la hauteur de L. F. Céline. Et il y a de quoi désespérer en effet face aux gens. Car, même si Jules Renard, nous le savons à la lecture de son Journal, voyait en lui un grand écrivain, Allais reste malheureusement pour beaucoup trop qu'un simple humoriste qui (soyons sérieux) aurait dû se faire pharmacien.

08/05/2007

Palier

La marche s’est dérobée il y a bien longtemps. Je n’embrasse que le vide, pour ne pas avoir dévalé cet escalier.

Comme ça : pour Frédéric Dard

Ca s'est figé une fois encore.
C’est comme ça. Mais bon...
J’écris dans ma tête. J’y lis
Aussi.
On pourrait se passer de tant de monde.
Mais comment faire lorsqu'on a perdu Saint-Antoine
et qu'on ne voit plus que ses larmes?
C’est comme ça. En fait,
Ce n’est plus drôle du tout, tu sais.
C'est coincé à un endroit.

Début (2)

Et encore faudrait-il savoir où aller.
Encore que. "Donnez un but précis à la vie : elle perd instantanément son attrait", disait Cioran
La citation, précisément.

Le geste participe, à la fois, de l’extraction et de l’ente. Le fragment, ainsi greffé, bouturé, peut prendre ou être l’objet d’un rejet. Il peut être ou discret ou trop visible. Tout réside dans le degré de visibilité des points de suture. Le processus peut être un subtil travail de tissage ou un ravaudage grossier à l’image du monstre de Mary Shelley. Et il ne s’agit pas là d’un problème de guillemets présents ou absents.

Début (1)

• Il faut toujours un point de départ. Ne serait-ce que pour ne pas partir. C'est la loi d'un certain genre qui veut ça. L'on pourrait en effet imaginer s'attarder ici un peu plus, sans forcément aller beaucoup plus loin, et ainsi faire du liminaire un moment d'hésitation. Comme à chaque fois que l'on part: avons-nous bien fermé la porte à clef?