26/05/2007

Comment ne pas parler?

Je pense n'avoir rien lu, au final, de plus resserré sur le sujet. Entendons sur ce type de sujet qui, précisément, n'existe que dans son occultation en tant qu'il est a priori sujet. Et, pour tout dire (tentons de le dire), cela va au-delà de l'idée du "secret nommé". Pour qu'un secret soit (pour qu'il existe, en tant que secret), il faut qu'il soit partagé. Le secret, ab origine, inscrit en effet dans son avènement autant la nécessité du silence que l'inévitabilité de la rupture de ce silence: j'ai un secret à te dire. Resserrons plus encore : j'ai un secret. Même lorsque l'effacement de la possibilité du dire tente de se faire passer pour une interdiction du dire, même lorsque l'entre semble s'effacer dans la syntaxe (soulignons : semble), l'énoncé est déjà en soi une infraction au code du silence. Au moment où le secret secrète, à l'instant même où il entre dans la relation du entre (présent de manière explicite ou non), il cesse d'être alors pleinement secret. La conclusion alors s'impose: il n'y pas de secret qui soit. Glosons : c'est le passage à l'être, via le logos, qui condamne à mort le secret. La sentence exécute. Le phénomène relève d'une double aporie, énonciative et épistémologique, qui pourrait d'ailleurs se condenser dans la question posée ci-dessus: comment ne pas parler? Il faut dire/lire la question à voix haute pour être certain de ne pas l'avoir bien entendue.