26/11/2007

Conversation

He tried his best, you see.
— No he didn’t. You’re wrong here.
He nursed his ache — daily —, hoping she would
Thereby keep on feeling it.
At least, they have this to share,
When all is half-said and done.
She has settled down to the pace
Of someone who is simply in a hurry,
And has no time for looking
Back, whilst he is still trying to perform
His own song.
As it happens, they both continue to drift on forwards.

25/11/2007

שמע ישראל

Mais comment formuler l'un ?
Mais. Le petit mot dit déjà, avant tout, la butée, le point d'achoppement, voire, proprement, le scandale de l'inévitable proposition, au moment où elle se formule, comme une question ou un regret.
Mais, ma langue ne peut qu'être fourchue. Je parle et je dis toujours (y compris et surtout à mon corps défendant) deux choses (au moins) simultanément, car ma parole, telle un coin enfoncé, ne peut que faire éclater l'unicité de l'objet qui m'occupe. Ce dont je parle. Car je parle de. C'est en cet instant d'intransitivité que la séparation à lieu, que le déchirement est consommé. La négation de l'un a pour origine ceci: ma langue n'existe qu'au lieu de son doublement (sachons entendre le locus, celui-ci, au lieu de celui-là) . Le merlin s'abat une fois de plus — sur la syntaxe: au début était deux.

19/11/2007

Epiménide

"Je suis un menteur":
paradoxe du Crétois,
point zéro de toute glose.

Mais comment formuler l'un ?

17/11/2007

X

Ce texte. Un texte. Sorti d'un autre : ex.
Et déjà tant d'autres, à partir de lui. 7 peut-être, Sephirah Netzach oblige.
Mais, en fait, non. Rien n'oblige à rien.
Disons — alors — au moins x textes.
Parce que le chiffre est toujours au fond lié à la crypte, parler de chiffre, sur le chiffre, autour du chiffre, parler chiffres, c'est de facto parler d'un secret. En parler tout en refusant de le divulguer. Lire, c'est alors lire du secret à l'œuvre. J'essaie mes clefs. Disons que l'une d'elles entre dans la serrure, puis, là, pour quelques millimètres de trop ou de moins, ça ne joue plus.
J'aime la serrure de cette porte fermée. J'aime cette résistance qu'impose le pêne à la clef.
"Rien ne dit qu'elle parlera."

Six lances, dix cibles

Dix paraît. Il est au volant d'une Fiat de luxe. Un virage familier, il sait qu'une femme l'attend. Elle lui fera signe. Il est si sensible, Dix. Alors bien sûr, il faudra qu'il descende un rapport, deux. Il s'arrêtera, mais sans se garer, car il connaît bien le coin. Elle ne dira pas « gare-toi », sa passagère, simplement parce qu'elle ne veut pas le tutoyer. Elle montera. Rien ne dit qu'elle parlera.

Ils rouleront en silence pour tromper l'ennui. Même pas de messes basses ni de rires coupables, non, mais un épais brouillage. Quelques sourires comme des lames, dents serrées, lèvres tirées.

Il écoute aux portes, Dix. Aujourd'hui, c'est aux portières. Des coups retentissent parfois. Il en compte six, mais pas encore dix. Entre le souffle de seins que l'on palpe, deux, jamais un cri. Zéro. A peine un murmure pour séparer les aphonies en leur crescendo. Il doit y en avoir cent. Puis Six, car c'est ainsi qu'elle s'appelle (mais il faut prononcer l'X, le son S étant dépassé puisqu'eux sont deux), descend de la voiture des douceurs non dites, car ça n'a pas assez duré.

Elle compte sur lui, Six sur Dix, puis s'en va. Sans un mot.

Allô allô test un deux trois

Ecrire pour écrire, comme on parle pour parler. J'ai un truc à dire, là, mais je me fais violence pour la fermer - "la" étant non pas ma gueule, mais une certaine boîte de Pandore présentement béante.

Dire qu'on ne va pas dire, c'est secréter quelque chose, au sens où l'on produit un secret, forcément muet, et qu'on le nomme comme tel, tentant donc, par un tour de passe-passe (je passe sur la glose) langagier, de faire passer un terme générique pour un nom presque propre, alors qu'il ne s'agit guère que d'une dénomination, la bien nommée - si j'ose dire, mais justement je n'ose pas, et je le dis, en insistant sémiologiquement sur le fait, précisément, que j'ose dire que je n'ose pas révéler ce que je viens de donner à ne pas voir, à savoir cette construction très étrange, et même ontologiquement étrangère, qu'est un secret nommé.

Autrement dit - ou plutôt devrais-je dire au contraire : dit comme cela -, le secret nommé est une boîte bien commode où l'on cache ce que l'on veut, et plus exactement ce que l'on veut ne pas dire, à ne surtout pas confondre avec quelque chose que l'on ne veut pas dire. La place des mots, ici comme partout, est fondamentalement signifiante.

Or, tout laisse à penser qu'il n'y a rien, justement, dans cette boîte, puisque le dissimulateur sait bien que l'étiquette "Secret" va attirer davantage la curiosité que s'il avait choisi de renoncer à tout label ou, mieux encore, d'apposer sur le silence un descriptif mensonger. Mais c'est franchir une barrière morale, un interdit, pour donner effet à un autre interdit. Autant donc faire l'économie de la mise en abyme, puisqu'il suffit, pour jouir de la clandestinité recherchée, de mettre simplement les mots au bon endroit.

En somme, un secret s'échappe d'être pointé du doigt - ou plutôt de la langue, dans sa dimension déictive. La furtivité de toute information suppose par conséquent de détacher le signifiant du signifié, en s'emparant des présupposés elliptiques de la cognition afin d'y créer un court-circuit déductif. J'aime bien les gros mots.

Plus simplement, puisque ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, disons qu'il suffit de donner tort aux conclusions réflexes, en intervertissant par une ruse du discours les liens qui unissent deux mots distincts, l'un pertinent, l'autre moins, aux idées respectives qu'ils véhiculent.

Tout cela veut dire qu'un véritable secret sera qualifié comme tel le jour où le quotient intellectuel moyen de la population aura crû d'une bonne cinquantaine de points, parce qu'alors la véritable clandestinité, dans un environnement saturé de sens, se trouvera dans l'évidence oubliée du premier degré.

On dirait que Pandore cherche une clef.

16/11/2007

Îliens et e-liens

Réchauffement thématique oblige, il est des îles numériques qui disparaissent, brisant des liens qui, par conséquent, ne font soudain plus sens. C'est ici le cas d'un post ancien, En piétons, qui ne renvoie plus à rien, et donc aussi de la réponse apportée par mon cher interlocuteur, Comment ne pas parler - encore que, réagissant à un raisonnement tu, son propos gagnerait ainsi presque en résonance.

N'empêche, je vais quand même écoper, histoire de mettre du silence sur les mots, plutôt que l'inverse. Parce que c'est nettement plus intéressant. D'où le (fameux) billet ci-dessus, Allô allô test un deux trois.

L'insularité, de cette façon, s'inscrit à nouveau dans le temps, au mépris bienvenu de l'instantanéité des trois doubles V (lessivés), rappelant qu'elle est un anagramme de la singularité, sauf qu'il n'y a point G. Les mots, pourtant, n'y restent justement pas au bord des lèvres. Ou alors si.

Un jour

Les Raisins de la colère, ou comment chercher à lire à travers les larmes.

15/11/2007

Graphic

Erasing your absence will take me longer
Than you think — twenty years or so,
Well, in fact, nearly as long as it took for the dream
Of your presence to build itself.
As for you, you took apart the baroque frame
Of the picture I was in,
And then you threw the picture away.
And that was it.

13/11/2007

Act VI

« And we were silent again, until she spoke. »
—— Charles Dickens, Great Expectations.

He saw her the other day, from a distance,
Talking too much, smiling so hard,
Wearing a new greyish woollen coat.
(Yes, he noticed)
He also saw her fingers miss the door-handle of her car.
He smiled.
It’s not for him to say (of course), but
Her exultation (thus staged)
Contains an element of
Remorse that holds her back on the verge of plain truth —
The one she spoke before, as when
She told him about the white flight
Of stairs that troubled her dreams — which made him shudder
And which still makes her cry,
At the end of the week,
Behind the white curtain of her shower.

12/11/2007

^

Le mot est tien(s). D'où le retrait, double rature confinant à l'effacement.
J'observe qu'on ne peut mettre un accent entre parenthèses. Force (´) ment.
Ou plutôt que si on y parvient, le mot se divise alors et dit tout autre chose.
C'est toujours ainsi quand on accentue un silence.

D'un effacement l'autre


[..........]

Tiens... Il y avait la parole. Il y avait parole —— l'accent, présent ou/et absent, jouant à cache-cache, en quelque sorte, avec ce qu'il y aurait (encore) à dire. De l'article à l'adverbe, de ceci à ici, se dessine (mais si peu) le chemin de la parole, celui qui mène nulle part ailleurs que vers lui-même. Propriation plus qu'appropriation. En somme, Ereignis.
Ou comment donner à voir la parole en son retrait.
Replions, là.

[..........]

09/11/2007

Word

Tenir.

08/11/2007

Loose Change

This is my hand pushing the gate
Open and closed.

The long row of rose-bushes, and then
My Father, standing on the lawn,
Already in the background.


The loose change in my pocket
(Back from the baker's on a Sunday morning)
Does not say much
Except the price of
What money can't buy.

Saillir, s'agir

De la saillie. Où plutôt à partir d'elle. À partir, car il convient de s'en éloigner un peu, ces mots ne disant rien du plaisir, et moins encore du plaisir des mots. Ces mots qui, sur la page, rencontrent la lecture pour provoquer alors les mots du discours critique. Il s'agit là, oui, après un certain va et vient, du plaisir. D. H. Lawrence, déjà, ne s'y trompait pas: "Every natural crisis in emotion or passion or understanding comes from this pulsing, frictional to-and-fro, which works up to culmination" ("Foreword to Women in Love").

06/11/2007

Ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l'a frappé

Peut-être. C'est en effet un bord. Un limen qui s'ouvre (ou ne s'ouvre pas), au détour d'un tiret, sur le possible. Sur tous les possibles et leurs contraires. Qui sait ce qui se joue en secret, là et en ce moment où le temps "s'infinitive" (là, oui, ça fait saillie aussi). Le parapluie a disparu. Oui. c'est un fait. Ca se présente du moins comme tel. La foudre, elle, reste. Au-dessus. Electrique. Toute tentative, pour la dire, vraiment, avec quelque certitude implique alors d'en faire l'expérience —— et, de là, toute impossibilité de dire quoi que ce soit, après.

PS. Faire saillie. Déjà, si tôt après l'accouplement, ça fait des petits.

Le temps est incertain

"Peut-être" est toujours au présent.
Demi-absence phénoménologique qui souligne ce qui n'est pas, apparemment pas.
Pouvait-être, pourra-être, monstres logiques.
L'incertitude ne se transforme pas, elle disparaît.
Elle se perd. Tout comme la possibilité.

Le voilà donc, le parapluie perdu, alors pourtant que le temps est incertain.
Alors pourtant que le vrai menace.

02/11/2007

Son/Mon (tu ne crois pas si bien dire)

« "J'ai oublié mon parapluie."
Parmi les fragments inédits de Nietzsche, on a trouvé ces mots, tout seuls, entre guillemets.
Peut-être une citation.
Peut-être a-t-elle été prélevée quelque part.
Peut-être a-t-elle été entendue ici ou là.
Peut-être était-ce le propos d'une phrase à écrire ici ou là.

Nous n'avons aucun moyen infaillible de savoir où le prélèvement a eu lieu, sur quoi la greffe peut prendre. Nous ne serons jamais assurés de savoir ce que Nietzsche a voulu faire ou dire en notant ces mots.
[...]
Lisible comme un écrit, cet inédit peut toujours rester secret, non qu'il détienne un secret mais parce qu'il peut toujours en manquer et simuler une vérité cachée dans ses plis.
[...]
De quoi s'exposer aux éclairs ou à la foudre d'un immense éclat de rire. Sans paratonnerre et sans toit.
« Wir Unverständlichen... denn wir wohnen den Blitzen immer näher » : Nous autres incompréhensibles car nous habitons toujours plus près de la foudre ! »
Jacques Derrida, Eperons - Les styles de Nietzsche

01/11/2007

Sous le bandeau

Il y a quelque chose qui fait saillie.
"... sortir sans son parapluie".
Au prononcé comme au plan syntaxique, ça clignote, discrètement, comme un néon qui va rendre l'âme.
Je me demande bien à qui, d'ailleurs.