10/06/2007

Chemin

On chemine. Longuement. Et avec nous, les mots. Blanchot (toujours) l'aura dit. Oui. La première fois que ce mot a pris son sens, c'est sur une couverture de roman. Diloy, le chemineau. De la comtesse de Ségur. Cadeau de mon grand-père. On y voyait un jeune garçon, portant besace et casquette, sur un chemin. Précisément. L'illustration de couverture avait ainsi, elle aussi, fait cheminer un mot qui, jusqu'à cet instant, résonnait autrement à mes oreilles. Le mot était ailleurs, un peu perdu pour tout dire. Puis, les années passèrent et, Diloy, vieillissant (il faudra plus de vingt années), rencontra un jour le chemin d'un autre, et d'un autre livre (qui, lui, n'a pas d'illustration sur la couverture):

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura
ché la diritta via era smarrita.


Encore vingt années de plus et il n'est pas certain que Diloy et le mot aient vraiment retrouvé leur chemin.

Après toutes ces années...
J'en doute fort.
J'ai toujours, dans ma bibliothèque, l'ouvrage de la comtesse de Ségur. Le papier a jauni. Mais j'aime cette odeur, au-delà de tout. Je viens, aujourd'hui, de contempler, de nouveau, la couverture. Et, là, en effet, en cet instant, tout de suite et donc un peu trop tard, je me suis demandé ce que je regardais.