26/07/2007

Nerf optique

Toujours l'horreur.
Les yeux fermés, maintenant. Eyes wide shut, dirait l'autre. Que se passe-t-il alors? Et où?
Les yeux, tendus dans leur fermeture. Les miens. Les nôtres.
Est-ce que ça, ça peut se mettre en scène? Le regard de l'autre peut-il me toucher dans la nuit de mes yeux? Oui, c'était, à bien des égards, la question que Jacques Derrida posait, il y a maintenant longtemps, à Jean-luc Nancy

L'oeil, le deuil et la figuration fantômatique

Derrida, encore.
Toujours
présent à sa manière.
A voir absolument,
comme dit un ami.

25/07/2007

Laisser le thé (refroidir)

Prétension, ressort de la prétention.
Abécédaire diachronique de la vanité dans l'effort.
Le faux-lapsus (collapsus) est magnifique.
L'ironie n'a pas lieu (d'être).

21/07/2007

La tranche de l'œil

Puisque l'horreur ne se partage pas.
Cet oeil sectionné est un coup porté. Mais sur quel regard? La scène nous fait fermer les yeux alors que cet autre œil reste, lui, si complaisamment ouvert. Ouvert, d'ailleurs, presque deux fois, tant il se reflète, l'espace d'un instant, dans la lame de rasoir. C'est là, sur le fil de cette lame, que, meurtri, notre regard s'arrête. Et c'est en nous qu'un autre film commence. L'horreur n'est pas et ne peut dans la représentation. Probablement, parce qu'il échappe au limité, au pré-déterminé, au pré-visible, voire au limité. L'horreur, c'est toujours, en réalité, quelque sorte qui relève du pire à l'œuvre et qui ne peut que se présenter. La représentation cinématographique de l'horreur confesse son échec dans la fermeture de nos yeux. La cécité que nous nous imposons alors nous fait dépasser le simple niveau de conceptualisation esthétique pour nous donner à voir, en un geste qui dépasse celui du raisonnement et du rationnel, l'idée même de l'horreur en nous, infinie, sans limite. Il n'y a donc pas, à proprement parler de film d'horreur. Il ne peut, à la rigueur, y avoir qu'une pré-tension à dire l'horreur.

De l'oeil tranché

Il faut voir Le chien andalou, de Luis Buñuel.
Pour ouvrir les yeux, vraiment, jusqu'à la cécité.
Où la lecture prend fin.

De l'horreur: invitation

Une question me taraude, en ce moment.
C'est une question d'horreur. Et c'est du cinéma.
La question de l’horreur cinématographique a déjà été plus qu’entrevue. C’est ce que l’on peut penser. Des regards se sont posées sur elle, et ont cru la voir comme telle. Est-il d’ailleurs pensable de ne pas la voir, alors même qu’elle semble crever l’écran de toute sa force et se définir comme un véritable index verum sui. Elle paraît défier tout commentaire en s’avançant elle-même, en se montrant elle-même en un geste qui semble relever, à la fois, d’une certaine performativité discursive et d’une indiscutable autorité herméneutique. Nous sommes là, dans notre fauteuil, et plus ou moins assis confortablement, nous regardons. Nous la regardons, nous dit-on, à l’œuvre, dans ce que nous sommes censés interpréter comme son essentielle évidence. L’on nous dit que nous la voyons en tant qu’elle se donne à voir comme telle, et qu’elle ne peut que nous laisser sans voix. Esquissons un battement de cil, juste qu’il faut pour rafraîchir l’œil. Et peut-être aussi pour mieux écouter la voix qui me parle d’horreur. On ne présente plus l’horreur, nous dit cette voix qui cherche à se faire oublier, à nous faire oublier qu’elle est une voix et que nous l’écoutons nous parler. La voix nous dit surtout d’ouvrir les yeux, de garder les yeux ouverts et donc d’éviter ce que nous avons déjà fait, à savoir de battre des cils. C’est à voir, nous dit-elle.
Justement. Prenons ça au pied de la lettre.
Cela reste à voir, en effet. Voire, à revoir. Et l’on chercherait alors en vain un endroit : car si la voix et l’image me parlent d’horreur, elles ne nous parlent pas de l’horreur, de l’horreur comme lieu d’origine. Là d’où ça vient et là où se passe. Là où ça fait vraiment mal à l’œil, là où l’œil est frappé par la nuit. Car c’est toujours un choc. Il y va, en effet, d’un coup d’œil, et presque aussitôt d’un coup sur l’œil.
Pour voir l’horreur, en tant qu’elle est horreur, l’on devrait, donc, pour commencer, fermer les yeux. Parce que c’est ici que tout se joue, précisément quand ça ne se joue plus sous notre regard. Essayer d’y voir plus clair dans l’horreur, au sujet de l’horreur, n’est somme toute possible qu’en inquiétant le spéculaire et les lumières du spectacle. Prenons ainsi appui sur ce qui déjà vacille et tentons d’ignorer l’inconfort de la situation. Prenons du même coup notre cécité inaugurale pour ce qu’elle est, c’est-à-dire la métaphore ou peut-être la mimèse d’une incertitude générique. Acceptons d’entrevoir, ici, dès le début, la faillite, du titre et du genre, si ce n’est d’un certain genre de titre ou d’intitulé.

Here we go round the prickly pear

Il y aurait beaucoup à dire sur la lecture et le temps qui passe. Egalement sur la pensée à laquelle, trop souvent, l'on refuse le temps et qui, ainsi n'est jamais autre chose qu'une réponse brutale, dans le fond comme dans la forme. Pire encore, peut-être, il y a cette pensée que l'on somme d'advenir dans le cadre contraignant du temps limité, du temps compté, de l'heure qui tourne. Mais, a contrario, la pensée peut-elle se produire hors du temps? À relire Cioran, juste après T. S. Eliot, tout porte à croire que la pensée, en tant qu'elle est mise en mouvement et foi dans le devenir, n'est que "la version profane de la damnation", une des conséquences de notre "chute dans le temps".

20/07/2007

One Hollow Man

Jacques Derrida.
Son ombre portée
sur l'ère terne.
L'heure tourne.

You are

Il est remarquable que l'Autre soit pluriel lorsque l'on s'adresse à lui, directement, dans la langue universelle. Comme si la verbalisation s'accompagnait toujours, en creux, d'un A qui ai-je l'honneur? inquiet, petite porte de la solitude.

Livre et Bataille

Il y a ce nom, déjà. Une résistance en soi. Et puis l'attitude du prédateur tournant autour de sa proie, le texte, qui devient pour un temps centre du monde. Immobile, forcément.
Contre-nature par obédience, Bataille ne se livre pas.
Mais au-delà de l'onomastique et du jeu de mots, il y a effectivement mouvement, in fabula : c'est la lecture, érigée en art complice. On parle là de ce qui se passe une fois la couverture rejetée, une fois l'objet livre dénudé de son titre. Ce qui bouge, c'est l'oeil, qui maintenant fait corps avec le propos, dans un rapport qui se doit d'être séditieux. Rapid eye movement, le sommeil paradoxal de la littérature.

19/07/2007

Tranchant

Certes, mais là là où je ne saisis pas Bataille (peut-être parce que trop en mouvement), c'est dans l'apparente immobilité du livre. Un seul regard sur la tranche du Graham Greene (que je suis en train de lire, là, maintenant), et en particulier sur les ailes meurtries du pingouin de la tranche, me donne à penser que là, oui, là aussi, ça bouge.

Sans titre

"L'apparente immobilité d'un livre nous leurre : chaque livre est aussi la somme des malentendus dont il est l'occasion".

18/07/2007

Sur ce.

Tout est question de titre.
À commencer par je.
Et là, oui, il faut douter.
Et je n'ai/est pas assez.

A(h) ce titre

Pas si suspect, le fait que le titre se trouve (car on le cherche toujours) sur la couverture, puisque celle-ci, comme son nom l'indique, couvre ce qu'elle contient. Il en va de même pour les individus, dont le titre, même et surtout lorsqu'il est (h)onorifique, a pour objet de dresser un rempart de déterminismes dans l'action. Le titre donne droit et matière, c'est pourquoi plus il s'éloigne de son objet, livre ou personne, plus les choses prennent le parfum de la littérature et du romanesque. Il ne faut pas fuir les titres, ni même s'en méfier. Seulement les faire mentir, à tout prix.

15/07/2007

Ce titre n'en est pas un (ou 2)

Mais un titre d'ouvrage est-il jamais acte d'auto-monstration? Sommes-nous bien certains qu'un titre ne renvoit pas toujours à autre chose qu'au contenu ou la suite qu'il prétend annoncer. Sa place sur la couverture est, à ce titre, suspecte.

Comment taire

Oui, il faudrait laisser ce signe de rien se taire. Mais est-il vraiment surprenant que ce soit la vacance qui appelle autant le commentaire? Là où le trop plein règne, là où l'intentionalité se veut monolithiquement signifiante, la parole s'assèche vite. Ce creux, qui se prète à toutes les inversions, manipulations et autres surinscriptions, se donne, ma foi, à lire. Malgré tout. Malgré rien. C'est un geste qui, au fond, n'est qu'un envoi dont le code réside, ironiquement, dans notre désir de présence, pour ne pas dire de bruit.

13/07/2007

Dissiper (3)

Il faut savoir désapprendre.
Risquer l'anagramme, numérique et syllabique.
1.100.10, embrasement pluriel.
Et ne pas oublier l'ânonnement d'origine de la bourrique baveuse (à supposer que le préjugé soit opérant).
100.10.1, nihilisme arabisant, dialectal.
J'en conviens, ce second préjugé, tu mais prononcé, est 1.10.100.
Par sa cohérence, surtout.
De haut en bas et de bas en haut.
Bienvenue dans les comptes de la crypte.

Ce titre n'en est pas un

Fort bien, mais lequel ?
Le démonstratif, par définition, baisse le doigt.

(2) quoi ?

La glose, sinon l'exégèse, pose comme bien souvent, malgré elle, une question qui lui échappe, servant l'Eon qu'elle cherche à démasquer : sans indice de quoi ?
Il n'est pas de réponse qui n'interroge pas. C'est là tout le fascinant de l'avalanche spéculative : le graffeur, probablement imbécile, en dit si peu que le monde entier se met à lui répondre. Chapeau bas.

12/07/2007

100.1.10 (2)

Curiosité insigne que ce chiffre qui se donne à voir comme code, jouant avec l'approximation ou l'infraction sonore (cent-un/sans un) et, par-là même, placant discrètement (mais pas assez) l'indice là (sur le bord d'une liaison dangereuse) où le signal prétend le refuser, de manière cryptée. De façon insignifiante, l'indice de ce qui est, a priori, non-indice se gausse alors, peut-être, des apprentis herméneutes et autres suiveurs du Da Vinci Code. Et en effet, la question posée est bien la suivante : "mais qui ne parle pas?

In Progess

The recoil of my heart tightens
as your absence calls for consideration
in the vicinity of a sentence uttered by the character
of a novel that you’ll probably never read.
I must get forwards.
Between words which are not yours
is still enough space for your fingers
to move me, though no longer to tears
(truth is best). The reason is simple.
The sight has now turned
into the fragment of a vision that silently unreels
each time I fancy myself being caught unawares
by a four-year old remembrance.
Yes, I surely do my best
to be the hero of my story,
though, admittedly, the plot remains yours.

10/07/2007

Tigrement christique

Signifiant/signifié, ombre et/ou proie, ici comme ailleurs.
Il fait toujours sombre autour de l'intérieur du mot.

Une soirée entre amis, coupure de courant, obscurité totale.
Soudain l'on se situe autrement.

Mais qui ne parle pas ?