25/03/2008

D'ailleurs

Aujourd'hui j'ai pris quelqu'un pour un autre.
Entendons-nous. Il n'y a pas eu quiproquo, ou erreur sur la personne.
Non. Ni malentendu, ni mal-vu.
J'ai seulement reconnu en la dite personne (que je crois connaître suffisament mal et bien) tout ce qu'elle avait d'essentiellement autre. D'autre que moi. Et je n'ai donc pas chercher à me mettre à sa place. Ou de la mettre à la mienne. A son grand dam. Car la grande curiosité, c'est que, malgré tout, les autres ne se veulent pas autres. Leur grande ambition est de trouver leur place , d'être juste à leur place. Et que l'on ne se méprenne pas, ni sur eux, ni sur leur place. Rien n'est pourtant si jubilatoire que d'être déplacé, autre part quand bien même ici, et autre que ce l'on désire voir en vous.

PS. A ce propos, j'ai reçu par la poste de ce matin une carte postale de San-Francisco. Délicieuse d'une altérité qui me manque en ce moment.

24/03/2008

Mots scies


Oui, ça entame au plus près. Ca tranche au plus juste.
Je me coupe, alors. Plus visiblement que d'habitude.

Participer.
Appartenir.
Se tenir, enfin, à part.


23/03/2008

Participe absent

On vacation
I am
vacating.

Ajoutons "not" et l'on a une nouvelle en six mots, à la Hemingway, pour sacrifier à la mode américaine, réjouissante de concision, de la six-word autobiography.

Devoir de vacance

J'aimerais, oui, avoir tant le devoir de me mettre en vacance.
De me reposer un peu. Histoire de voir ce que ça fait.
Et me mettre à vivre télégraphiquement.
Dormir. Stop.



20/03/2008

Devoirs de vacances

Le freudien boit du petit lait mêlé de chocolat Van Houten : on sent que l'étudiante est guapa, comme on dit en Amérique du Sud. Quant à l'engagement, figure systolique du dégagement, la question porte en elle-même les inflexions d'un Wilhelm Reich. Ce qui me rappelle, association libre, la Coit Tower au pied de laquelle je me trouvais encore hier, avec trois heures de retard sur l'Atlantique. Une lance à incendie, peut-être, mais qui allume un feu plus sûrement qu'elle rince la bouche des béotiens - ceux-là mêmes, précisément, dont l'esprit ne saisira jamais toute la poésie d'un pseudo. Si seulement la doxa était toujours vive...

Ma grand-mère disait souvent : "Avec des si, on mettrait Paris en bouteille". Longtemps, j'ai entendu scies. Et je me disais que c'était possible.

16/03/2008

De peu

Je songe, là, à ce reproche qu’un enseignant a pu formuler au sujet de la prose de mon étudiante (je sais tout le poids de ce mon)—écriture « pseudo poétique ». Dit-il. Il faudrait lire. Le lire. Pour peu qu'il ait écrit quoi que ce soit qui mérite d'être imprimé. L’on s’apercevrait alors, sans surprise, de la tiède orthodoxie de son propos, tant sur le plan de la forme que du fond. Qui, pour lui, ne peut–être que fonds de commerce. C'est tout un métier. Non, une occupation, tout au plus. Alimentaire, bien sûr. Pseudo. Le raisonnement s’arrête, pour lui, là où il commence. À savoir dans la négation même de l’ontologie première du geste d’écriture. Aussi ne puis-je même pas dire pseudo toi-même. Car il faut être, de toute façon, un peu quelque chose pour faire semblant ou jouer avec les masques. Cet enseignant, qui n’enseigne probablement rien d’autre qu’une doxa mal apprise dans un français somme toute approximatif (car administratif autant qu’administré) n’a vraisemblablement aucune idée de ce qui se trame derrière le choix d’un mot et d’une phrase. Sans parler d'un silence. Il n’est pas seul—Ils sont légions, cela étant dit (ces mêmes diraient d’ailleurs « ceci étant dit »). Ces Trissotins oublient un détail—de taille. Cette écriture qu’ils dénoncent fait. Et c’est dans ce faire (proprement ce poétique) qu’elle est. Leur prose tente de dire mais, au départ, dès le départ, n’est rien du tout.
Là, le mot "gouape" me vient à l'esprit.

13/03/2008

Siccité

Si. Puis, aussitôt, assez sèchement, un silence.
Tu l'entends ce silence contenu? Je te le laisse entendre: si.
J'ai pris ma respiration, et puis voici. Si.
Dans le même souffle, et sans air, l'assentiment et l'hypothèse, l'affirmation et le doute. Si. Ca dit oui en posant aussi et déjà condition. Un oui conditionnel, un oui qui n'irait pas sans doute. Si. Un doute qui ne serait pas dépourvu d'intensité.
Tu entends? Ce n'est pas d'une note dont je parle. Ce n'est pas une note que je siffle—-celle de Sancte Iohannes dans l'hymne à saint Jean Baptiste.
Ce n'est pas cette note. Non. Si, d'ailleurs, ne note ou connote rien a priori.
Si. C'est ainsi. Juste ainsi, autrement dit sic.
Si je dis te si, je te parle pour dire oui et pour que tu dises oui à une certaine forme de ouï-dire.
Tu m'écoutes?



Parenthèse

C'est peut-être là que toute intention s'écroule, que toute envie se voit contrariée.
Comment d'ailleurs vouloir quoi que ce soit (à commencer par dire) alors que prévaut le lancinement de la souffrance par procuration? Je voudrais —— mais la limite s'inscrit —— être encore plus φαρμακος que je ne suis.

12/03/2008

Dicton (too)

Wait (2) est le billet n°203.
Un signe qui dit tout, mais quoi ?

11/03/2008

Wait (2)

Sur le fil.
Du rasoir comme des PTT.
La vie m'éprouve.
Une fois encore.
Ces mots n'ont l'air de rien,.. A la seconde, , ils sont tout.

05/03/2008

Trombinoscope

En général, on gagne du temps et on perd son temps.
Rien de plus normal. Mais lorsqu'on perd du temps, à qui est-il ?
La même réflexion vaut pour la préhension, bien sûr, ce qui pose, justement, la question de la chronologie.

Thomas Stearns

Eliot, à l'envers, se lit toile.
Tout s'explique.

Culture et résonances

Le Q est un régal. Graphiquement, déjà, c'est tout un programme. Je passe comme on passe. Mais les sonorités réservent aussi leurs surprises. D'une langue à l'autre, en effet, le Q n'a pas le même écho. En français, il prend l'aspect lunaire qu'on lui connaît, à l'oreille, alors que l'anglais en fait très opportunément une queue. Laquelle, selon la casse et la graphie, jouit d'une vigueur assez variable, d'ailleurs, sans parler de sa longueur - mais là, c'est une autre histoire. On l'aura compris, il fallait bien ça pour marquer le deux-centième billet.

03/03/2008

The Geography of Pain

I suppose I should
Avoid resting my eyes on
What can only renew the ache and
Its refusal to be tended.

But if I turn round, what is to be seen
Offers little respite to one who
Lost his mind, some years ago.
Well, as a matter of fact,
And here is where the Brogue shoe pinches,
I am there

Racoler : « embrasser de nouveau »

Mais que serait une pensée qui refuserait son περιπατητικός? La pensée est parce qu'elle se promène. Elle est en se promenant. Elle n'est qu'en marche (πατειν) et souvent en rond (περι). Elle se déploie selon son désir de proximité, de promiscuité, d'exposition publique (ce que prostituere signifie d'ailleurs avant tout). Oui, plus ou moins séduisante, elle s'offre sur le trottoir assez étroit de l'échange discursif, mais —— et c'est l'essentiel -- elle ne peut véritablement être pensée que si elle évite à tout prix l'ultime souteneur (ou maquereau dogmatique) qui prétendrait la faire sienne. La pensée est peut-être la grande Prostituée de l'Apocalypse de Jean — à savoir cette figure sans figure, ce savoir sans certitude des spéculatifs.

Et se j'ay prins en ma faveur
Ces doulx regars et beaux semblans
De tres decevante saveur ...