16/03/2008

De peu

Je songe, là, à ce reproche qu’un enseignant a pu formuler au sujet de la prose de mon étudiante (je sais tout le poids de ce mon)—écriture « pseudo poétique ». Dit-il. Il faudrait lire. Le lire. Pour peu qu'il ait écrit quoi que ce soit qui mérite d'être imprimé. L’on s’apercevrait alors, sans surprise, de la tiède orthodoxie de son propos, tant sur le plan de la forme que du fond. Qui, pour lui, ne peut–être que fonds de commerce. C'est tout un métier. Non, une occupation, tout au plus. Alimentaire, bien sûr. Pseudo. Le raisonnement s’arrête, pour lui, là où il commence. À savoir dans la négation même de l’ontologie première du geste d’écriture. Aussi ne puis-je même pas dire pseudo toi-même. Car il faut être, de toute façon, un peu quelque chose pour faire semblant ou jouer avec les masques. Cet enseignant, qui n’enseigne probablement rien d’autre qu’une doxa mal apprise dans un français somme toute approximatif (car administratif autant qu’administré) n’a vraisemblablement aucune idée de ce qui se trame derrière le choix d’un mot et d’une phrase. Sans parler d'un silence. Il n’est pas seul—Ils sont légions, cela étant dit (ces mêmes diraient d’ailleurs « ceci étant dit »). Ces Trissotins oublient un détail—de taille. Cette écriture qu’ils dénoncent fait. Et c’est dans ce faire (proprement ce poétique) qu’elle est. Leur prose tente de dire mais, au départ, dès le départ, n’est rien du tout.
Là, le mot "gouape" me vient à l'esprit.